Toujours debout. Ne laissant jamais ses tenues de sport prendre un peu de repos, Jean Romel Anéas est l'un des haïtiens, les plus "tizè" de football qu'Haïti ait jamais enfanté. Un fonceur. Un insatiable. Un visionnaire. Difficile de trouver un mot pouvant circonscrire les qualités de cet homme dont le pire défaut, selon plus d'un, est de faire montre trop de rigueur.

S'il est très demandé aujourd'hui, cela n'a pas toujours été ainsi, se rappelle - t-il, tout en clapotant le clavier de son ordinateur portable entrain de répondre à quelques courriels dans la cour de son bureau à Carrefour (191 entre mon repos 48 et 50, Blvrd Jean-Jacques Dessalines). "Je me rappelle avoir essuyé la plus grande humiliation de ma vie au Centre Sportif de Carrefour. C'était en 1996. Je voulais participer à un stage d'entraîneur organisé par le Secretariat d'État de la Jeunesse des Sports et aux Services Civiques (SEJSSC) et ils m'ont dit de vider les lieux." Songeur, il poursuit: " Deuxième humiliation. Ranch de la Croix des Bouquets. Année 1997. J'avais laissé Carrefour afin de participer à une formation de coach. Arrivé là bas, ils ont voulu seulement me laisser prendre un plat. Je n'avais pas le droit d'y participer."


Roro n'est pas seulement entraîneur de football. Il a aussi étudié la Gestion des affaires à l'Institut National d'Administration, de Gestion et des Hautes Études Internationales (INAGHEI) de l'Université d'État d'Haïti (UEH) tout en ayant une formation en business. A - t- il pratiqué le foot? Eh bien oui! Il a évolué au poste de gardien de but.


Du haut de ses 44 ans, il est aujourd'hui l'un des citoyens les plus notoires à Carrefour pour avoir fondé et mené une école de football faisant rêver jeunes et moins jeunes de ladite commune, l'Association Sportive de Truitier (AST-Haïti). Laquelle école de football peut s'enorguellir d'être parmi les meilleures de la place avec des titres de champion tant en Haïti qu'en Europe et en Amérique du nord.


"Je ne suis pas totalement satisfait. Il me reste beaucoup de travaux à effectuer. Toutefois, je peux dire que ça va dans la mesure où l'on a des joueurs évoluant au plus haut niveau du championat national. C'est le cas de Dédé Stevenson et Dédé Kenley qui évoluent respectivement au sein du Racing des Gonaïves et du Don Bosco de Pétion ville par exemple. On a aussi des joueurs qui brillent à l'extérieur. Il y a Prunier Mondy ainsi que Marc Bernard qui font parler d'eux dans les Antilles, à Guadeloupe précisément. Ils jouent au Niveau de Red Stars en deuxième division guadeloupéenne"


D'humiliation à la notoriété, Jean Romel Anéas a du suivre des principes. Ils les résument en trois mots. Trois mots très simples, mais pleins de sagesse, dit-il. Ce sont: travail, discipline et passion. Pour lui, ce ne sont pas des mots comme les autres. Ce sont des mots qui détiennent la magie de la réussite. C'est en effet en ce sens qu'il encourage toute personne qui veut parvenir à la matérialisation de son rêve de faire preuve de passion, de discipline tout en travaillant encore et encore.