Le roi est mort. Vive le roi!

Le roi est mort. Vive le roi!


 
 
La première véritable figure planétaire du football, Edson Arantes do Nascimento, vient de succomber après une longue période d’hospitalisation au milieu de sa famille. Une étoile s’est éteinte. Le football est en deuil. Le monde du sport pleure un génie.
 
Quiconque regarde, aujourd’hui encore, les images du gamin de dix-sept ans éliminant ses adversaires avec une déconcertante facilité au mondial suédois en 1958, tombe irrésistiblement sous son charme. Les larmes de joie du garçon porté en triomphe par ses partenaires après avoir marqué deux buts somptueux lors de la finale le rendent plus humain à nos yeux et l’ont fait automatiquement entrer dans la légende. Au retour dans son Brésil natal, sa vie allait basculer dans une autre dimension. En effet, du jour au lendemain, le jeune do Nascimento sortait de l’anonymat pour devenir une étoile. Élevé au rang de monument national, il n’a jamais pu faire étalage de son immense talent sur les terrains en Europe.
 
Son amour pour le maillot auriverde l’a poussé à se surpasser lors des confrontations mondiales. Ainsi, il est à ce jour l’unique footballeur à avoir remporté la coupe du monde à trois reprises.
 
Pelé, surnom qu’il portera toute sa vie en raison de sa facilité naturelle à dribbler ses vis-à-vis, a été l’archétype du footballeur moderne. Doté d’une accélération foudroyante, d’une conduite de balle impeccable, d’une frappe surpuissante des deux pieds, d’un jeu de tête irréprochable, Pelé savait tout faire et était en avance sur son temps.
 
Dans un football où le jeu dur des défenseurs se confinait à une bastonnade, Pelé a souvent été malmené par ces derniers. Malgré sa force de bison, il a dû rester éloigné des terrains durant de longs jours en raison de ses nombreuses blessures.
 
En 1966 les « bouchers » portugais l’avaient massacré sous les yeux d’un corps arbitral complaisant. L’artiste ne renonçait pas pour autant à son football fait d’incursions tout en dribbles dans la défense adverse. Ses gestes venus d’ailleurs soulevaient d’admiration les foules. Et, les générations subséquentes les reproduisaient à satiété. Les gens venaient aux stades pour le voir. Peu importe qu’il marquait contre leur  équipe favorite.  
 
Élevé sous une dictature féroce, Pelé se gardait d’émettre en public ses opinions politiques. Malgré  sa peur providentielle de la politique, il a occupé le poste de ministre des sports du Brésil. Mais, le monde entier adulait avant tout ce jeune homme noir capable à lui tout seul de faire gagner son équipe. Les gens oubliaient la couleur de sa peau et ses origines modestes. En 1977, au moment de raccrocher définitivement les crampons, Mohamed Ali se tenait à ses côtés, comme pour signifier au monde que le géant brésilien était son égal. Plus qu’un footballeur il était vénéré comme un dieu. D’où le fameux dicton : « si le football était une religion, Pelé en serait son dieu. »   
 
L’idole n’avait pas froid aux yeux. Il déclarait parfois du temps de sa splendeur : il y a trois entités célèbres dans le monde : Dieu, Pelé et Coca Cola ».
 
Au delà de sa suffisance, il se révélait un excellent ambassadeur pour le sport-roi. En effet, Pelé parcourait le monde apportant la bonne parole du beau football partout. De l’Amérique du Sud à l’Afrique en passant par les Caraïbes, l’Amérique du Nord et l’Europe, il a foulé les pelouses du monde entier attirant des centaines de milliers de spectateurs.  
 
Bien avant Michael Jordan, Roger Federer, Maradona, Ronaldo et Messi, Pelé était une icone globale. Les pays du Sud ont acquis un grand respect grâce à leur football symbolisé par le beau jeu. Pelé en était le plus fervent apôtre. Sa disparition tourne une page de plus dans l’histoire du football. Pour beaucoup, il laisse un vide qui ne sera jamais comblé. Pour d’autres, il est parti en paix ayant vu Messi remporter le mondial Qatari. Le roi est mort. Vive le roi !
 
 

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Franck S. Vanéus 43

Avocat et Philosophe...

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