Messi se retrouve aujourd’hui dans la position d’un éléphant attaché à un arbre à l’aide d’une corde. N’ayant pas conscience de sa force le pachyderme accepte sa condition. Léo n’est qu’un modeste footballeur mû par sa passion pour le jeu. Rien de plus. Il ne se soucie guère des débats enflammés que suscitent ses exploits à chaque rencontre.
 
Les mordus du ballon rond, un peu partout à travers la planète, inventent toutes sortes de formules pour écorner l’image de l’idole ou l’aduler un peu plus selon qu’ils le soutiennent ou défendent les couleurs du Real de Madrid, du Brésil ou d’autres équipes en dehors de l’Argentine et du Barca. Nos propos visent à lui dessiller les yeux et ceux de quelques irréductibles aussi. Pour ce faire établissons un cadre d’analyse pouvant servir de fondement à toute interprétation.
 
Le titre honorifique du plus grand joueur de l’histoire a été attribué à Pelé avant les exploits de Diego Maradona. Messi depuis des lustres s’est invité dans la conversation. Quels sont les critères objectifs pour octroyer le titre du plus grand joueur de tous les temps à un footballeur? Les réponses varient selon la fantaisie et l’humeur de celui qui répond. Cependant, il existe des critères objectifs à partir desquels on peut classer et nominer les joueurs. Précisons que les critères objectifs l’emportent sur les subjectifs.
 
Le football déchaîne les passions, mais demeure un sport ou la raison trouve rarement sa place tant sur qu’en dehors des terrains. Dans le football, les règles s’appliquent en dernier ressort, en fonction de la subjectivité des arbitres. Combien de fois dans cette coupe du monde une interprétation de l’arbitre a pénalisé une équipe? Le recours à la VAR n’apporte pas souvent, dans cette coupe du monde, grand-chose dans les débats tenant compte  des enjeux qui, souvent, dépassent largement le cadre du football (octroi d’une compétition à un pays, les dictats des sponsors concernant les journées Fifa, les paris sportifs, les conflits politiques…). Ils regardent les yeux fermés. La technique ne peut suppléer aux insuffisances humaines autant que ces derniers le souhaitent et qu’ils agissent en toute bonne foi. Dans certains domaines, la bonne foi est un puits sans fonds.
 
Revenons à notre question de départ et proposons deux hypothèses: soit, les plus grands joueurs sont ceux qui ont remporté sinon tous les titres, du moins la coupe du monde; soit, il faut se référer à l’ensemble de leurs exploits en carrière. Si l’on considère le mondial comme critère, Pelé, Maradona, Ronaldo, Cafu, Beckenbauer, Dunga… Mario Goetze figurent sur la liste des plus grands. Y seront absents, Messi, Cruyff, Di Stefano, Zico…. Cristiano.
 
Or, jamais dans l’histoire du sport-roi on n’a jamais vu deux athlètes se développer et s’améliorer sous nos yeux sur une période aussi longue. Ceux qui ont vingt ans croient que le football se résume à ses deux monstres sacrés que sont Messi et Cristiano, tellement leurs exploits sont chantés par toute la planète foot. Personne avant eux n’avait réalisé des performances stratosphériques aussi longtemps. Ainsi, les exploits sur plus de quinze ans de ces deux géants les placent au-dessus de tous les autres, mêmes sans un mondial.
 
Arrêtez d’ouvrir de grands yeux! Ils sont meilleurs. Le débat ne fait que commencer pour les amateurs nostalgiques du football d’autrefois. S’il n’est aisé voire recommandé de comparer des joueurs de différentes époques, toujours est-il que la constance dans l’excellence de Messi, pour reprendre les propos d’Éric Blanc du journal l’Équipe, dépasse l’entendement. Il en est de même du professionnalisme de Cristiano.     
 
Dans ces conditions, les critères subjectifs laissent chacun portés son propre jugement. Bien sûr, la subjectivité importe. Mais, les critères objectifs renvoient à des faits contre lesquels tout argument subjectif s’évapore comme rosée au soleil. Messi est le deuxième footballeur le plus titré de l’histoire. Il est le meilleur contributeur buts/passes décisives de tous les temps. Sa constance au plus haut niveau est démoniaque. Hier soir, sous les couleurs argentines, le monde entier a vu un homme de trente-cinq ans porté par des jambes de vingt-cinq ans pendant quatre-vingt-dix minutes dans une rencontre d’une grande intensité. Inoxydable ! inusable !  Incroyable ! Cœur de lion. La performance alliée au beau engendrent Messi.  Une coupe du monde plongerait dans l’extase les fans du football en général et ceux de Messi en particulier pour son ultime apparition dans la plus folle des compétitions. Les fans de Cristiano ne manqueraient pas de jubiler aussi, si le Portugal allait au bout de ce mondial.
 
Mais, Léo le Titan, l’Unique, est assis sur son trône depuis une éternité. Le mondial Qatari qu’il le remporte ou non n’y changera rien. Qu’il en soit ainsi!