Longue vie à la reine!

Longue vie à la reine!

Chère mère ,

Il m’a fallu remonter le temps pour t’écrire cette ode à l’amour, à la résilience et à la bravoure. Il y a de ces matins que je me demande comment tu fais pour te réveiller à la première heure et poursuivre le jour pour guetter ce chemin perdu qui ne mène qu’à la mort et à notre survie. Dès l’aube, tu salues général courage avec fierté, la tête haute, le cœur qui espère . Tu salues lieutenant persévérance qui te passe le maillon et te voici debout pour affronter tes peurs et les nôtres.

Tes plaintes sont nos peines, tes mots notre assurance, je ne t’ai jamais vue te résigner ni te laisser griffonner tes mamelles de vie. Maman, tel est ce mot que je veux redire sans cesse .Tel est ce mot qui soulage mes peines, chasse ma solitude de loin et me fait croire en un lendemain meilleur.

En cette belle journée ensoleillée , je veux prendre le temps de te dire merci! Merci pour ces belles et longues années de vie , merci de donner un sens à ma vie , de faire de mon sourire le fruit le plus juteux de ton petit jardin d’amour. Merci de me donner plus que ce tu n’as jamais eu, tes trois vies réunies.

Maman, merci de porter si bien les replis de mon âme et de les étirer comme tu sais faire malgré la distance. Maman, merci d’être cette femme au grand cœur qui porte les soucis de tous et ne te soucie du reste . Il m’a mis du temps pour apprendre à te connaître. Et pardonne moi de t’avoir jugée pendant longtemps. Je t’ai toujours aimé, tu le sais. Je ne cesserai de le faire non plus.

Depuis le drame de 2003, tu vas t’en rappeler une fois que t’auras lu ces mots, non je te les conterai. Te souviens-tu du policier qui voulait nous aider au commissariat de Delmas 3? Hélas c’est devenu un de ces lieux qu’on a fait territoires perdus. Mais pour moi ce n’était toujours pas le cas, je doutais chaque jour si tu m’as aimé ou jamais? Une fois je me suis même surprise à imaginer que je n’étais pas ton enfant , c’est impossible dans mon cas puisque que tu n’as même pas eu le temps d’arriver à l’hôpital le jour de ma naissance.

J’ai toujours été ton enfant, celle qui t’aimait et te pardonnait ton indifférence sans même en demander .Te souviens-tu de la graduation à Saint-Louis de Gonzague ? Te souviens-tu de ma petite carte en papier et le coca que je t’ai offert ce dimanche de la fête des mères, je ne me rappelle même pas de l’année? Te souviens-tu de ces maintes fois que je voulais te serrer, te montrer mes bonnes notes au lycée, mais tu me repoussais comme toujours?

Je me souviens de ton indifférence tout comme je me souviens de ta fierté à l’église lors du concours il y’a de cela une dizaine d’année, et tu y étais rien que pour moi. Je me souviens encore de ce matin où tu disais à mon frère combien j’ai toujours bien fait, combien j’étais disciplinée et que je te comprenais en te préparant pour aller à sa convocation scolaire. J’étais déjà en terminale quand j’ai su que tu as toujours eu un œil sur moi.

J’ai tout fait pour te plaire , Dieu seul sait combien je l’ai imploré pour te voir douce avec moi, soucieuse et être cette mère que je n’ai pas eue avant, cette épaule sur qui m’appuyer . Je voulais ne plus ressentir cette distance ni t’entendre dire que je ne suis pas ta fille mais celle de cet homme … Je t’ai tenu tête aussi . Je haïssais de ne pas pouvoir te dire comme un amoureux fier de sa dulcinée combien je t’aimais . Je détestais que j’avais besoin d’une mère à chaque coin de rue . De porter ton absence comme le fardeau de mon péché, mais lequel d’entre tous? Je n’étais qu’une âme en errance, une petite fille qui eut besoin d’une femme parmi toutes celles qui l’aimaient : sa mère! Je ne sais pas si nos manques restent au coin de nos yeux , mais à chacun de mes pas , une femme me désirait pour être son enfant , sa petite mignonne, son enfant chéri. Et, je ne peux compter jusqu’à ce jour toutes les mères que j’ai eues et continue d’avoir.

À ces femmes mères
À ces cœurs qui m’ont soutenue le long de ce périple, je vous aime et merci! Je vous porte comme ces manguiers au milieu de la récolte. Je vous aime plus que je vous l’ai jamais dit ou prouvé. Je suis pleine de vous . Je vous dois ma survie. Merci encore !
Á ma mère que j’aime et que je sais qui m’aime énormément en ce jour où j’écris cette missive, je t’aime de cet amour que les mots ne peuvent décrire. Je t’aime plus que tu ne l’imagines , mère ! Je te porte en chacun de mes gestes, chaque jour et toujours. Je t’ai toujours aimée malgré nos indifférences, ton absence et ma souffrance. J’ai fini par comprendre pourquoi tu étais si amère et inexpressive. Tu ne pouvais me donner mieux, je t’ai pardonnée! Merci d’avoir appris à être une mère, ma mère et celle des autres .

Merci de nous avoir donné tout ce que tu n’as jamais eu ou été. Merci de ta grande générosité! Merci d’être cette symphonie qui mènera ma vie vers l’infini, cette luciole au milieu de la nuit noire de mes tourments, de m’aimer en double, sans arrêt et toujours! À recoller chaque miette de ton histoire de vie, je reste bouche bée . Je n’aurais pas fait mieux de tout ce que je t’ai toujours plaint… J’aime que tu ne cesses de te réinventer pour notre survie sous ce joug de peine à Port aux gangs. Te dire je t’aime, c’est réécrire tout l’alphabet de ma vie, recoller une à une les parties de mon anatomie ou de reconstruire le vide. Je t’aime comme on porte son cœur en temps de guerre, ça trimbale . Comme un Poulin en rue galopant le long de la savane en plein été, comme ce paysan attaché à son lopin de terre, comme Si à son lot de tabac.

C’est fou d’essayer de te décrire l’indescriptible. Demain dès l’aube j’irai te cueillir mille et une fleurs, des roses , des jasmins, des tournesols, des hibiscus et plein d’autres pour te parfumer mon amour . Maman, mère, maman, je t’aime sans cesse! Je ne sais combien de fois j’ai dû pardonner ton absence, combien j’ai retenu de larmes face aux offenses, hélas. J’ai fini par réaliser que tu aurais tout fait pour m’épargner ces pleurs si seulement tu l’as su. Que je t’aime !

Merci de m’avoir portée en toi, de me porter à ce jour et d’entendre les pleurs de mon âme avant même que mes yeux se déferlent. Je suis et restera ta petite merveille, celle qui t’a émerveillée en cette matinée de printemps de l’an je ne dirai pas ; ta pépite, ton ainée, ton alliée. On a tellement de choses à se dire, de dates à refaire , de peines à défaire, de joies à conter que je prie le Bon Dieu de te préserver. Maman, ce mot qui reste coller sur mes lèvres, ce cri que ma gorge ne peut étouffer au milieu de la nuit douloureuse, ce thé au petit matin, cette tasse de chocolat noir épicée de gingembre, ce à tout faire, ma Catherine Flon, Ma Marie-Jeanne, Ma Claire-Heureuse . Maman, je ne saurai déferler mon cœur sur ces lignes pour te témoigner tout mon amour. Cette lettre, loin d’être parfaite, tellement rapiécée et écrite à la volée, mais c’est le cri de cet amour étouffé que je t’ai porté pendant toutes ces longues années d’errance et d’amertume.


Avec tout mon amour,


Ta pépite de fille, ton ainée
Bèl
Hermione Sydney

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La Rédaction 238

Kafounews

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4 Commentaires

  • Rose Catherine

    June 02, 2024 - 04:44:20 PM

    Très beau texte très profond et touchant ma miss. Contente de lire ta fine plume ma très chère "Ma miss" que j'apprécie beaucoup.

  • Bonhomme

    June 05, 2024 - 06:10:51 PM

    Oufff, très beau texte. Félicitations Sydney????????

  • Cyann

    June 05, 2024 - 06:25:03 PM

    Félicitations Hermionne !!! ???? Très beau texte !

  • Man

    June 05, 2024 - 09:54:46 PM

    Que du lourd Kimy !