La pandémie du coronavirus est l’un des plus grands défis auxquels le monde n'a eu à faire face depuis plusieurs décennies. Si la Covid-19 peut s'attaquer à toutes les personnes peu importe son rang social, néanmoins, ses effets seront probablement plus durs pour les pauvres comme le témoignaient d’ailleurs d’autres virus comme l’Ebola en Afrique. On estime à travers le monde plus de 4 milliards de personnes qui n’ont pas accès aux services de protection sociale, la grande majorité de ces personnes se trouve dans les pays en développement particulièrement en Afrique Subsaharienne.
En Haïti, selon de Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), seulement 3% des haïtiens ont une couverture d’assurance sociale. L’État haïtien est présent dans le domaine de la protection sociale à travers le Ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST) et ses organismes déconcentrés tels que l’OFATMA, l’EPPLS, la Caisse d’Assistance Sociale et l’ONA. Pour l’exercice fiscal 2017-2018, seulement 1.6% des crédits budgétaires totaux, soit 2,2 milliards de gourdes, ont été alloués à la fonction protection sociale. Le portefeuille budgétaire du parlement, estimé à 4.1% du budget pour le même exercice fiscal, fait plus que le triple de celui de la protection sociale. Les contraintes budgétaires et le faible niveau de pression fiscale ne sauraient être une excuse du faible financement alloué par l’Etat à la protection sociale. Or, un pays comme Haïti ne peut pas se payer le luxe de ne pas investir suffisamment dans ce secteur.
Au niveau de la région Amérique Latine Caraïbes, la moyenne des dépenses en protection sociale (sans santé) est de 4.9% du PIB, en incluant la santé, elle est de 3.3% (ILO, 2018). Ces dépenses (avec santé) ont été pour la même période estimées à 0.3% du PIB en Haïti. En nous limitant aux personnes âgées de plus de 65 ans, connus comme les plus vulnérables par rapport à l’épidémie de la Covid-19, plus de 51% de ces personnes reçoivent une pension au niveau de la région Amérique Latine Caraïbes. Cependant des disparités entre homme et femme existent car 56% des femmes âgées de plus de 65 ans dans la région ne reçoivent aucune pension. Les données sur la réception de services de pension pour Haïti ne sont pas connues, mais tout laisse à croire que nos performances, que ce soit en termes de protection sociale contributive, d’assurance vieillesse, de protection à la maternité ect… sont bien en-dessous de la moyenne régionale.
Les spécialistes de la Banque Mondiale prennent plaisir à rappeler qu’un pays sans protection sociale est comme un trapéziste sans filet. Face à la crise du coronavirus, dans un pays comme Haïti où 60% de la population est en situation de pauvreté et 24% en extrême pauvreté (ONPES, 2012), des millions de familles haïtiennes vulnérables seront probablement confrontées à des difficultés en termes de nourriture, des soins de santé et de survie. Les impacts économiques directs de la maladie et de la mort représenteront des coûts plus élevés pour les ménages avec des revenus aussi faibles. Combinés à la perte de salaire et d’emplois, ces éléments peuvent déclencher des pics de pauvreté jamais atteints auparavant dans le pays.
Contrairement à un choc ponctuel comme un tremblement de terre, les épidémies de santé contagieuses peuvent se multiplier rapidement, en particulier dans les zones densément peuplées, rendant ainsi plus pauvres les personnes déjà vulnérables. Dans le pays le plus pauvre et le plus inégalitaire au niveau de la région Amérique Latine et Caraïbes (ALC), la pandémie peut prendre facilement la forme d’une pandémie de classe. Avec des millions de travailleurs, tant au niveau du secteur formel qu’informel, vivent sans accès à une assurance maladie, ce qui augmente le risque d’infection et oblige tout le monde à se confiner, d’où une contraction générale de l’économie.
Nous devons aussi mentionner le problème du coût des services d’assurance, de santé en particulier. L’accès aux soins de santé en Haïti n’est pas à la portée de tout le monde, à cause de la grande disparité de revenu, d’un taux de chômage élevé et d’une absence de concurrence dans le secteur. Bien qu’en étant assuré, il requiert souvent un niveau de dépôt assez élevé pour un ménage moyen d’être admis dans une chambre d’hospitalisation. La quasi-absence des institutions de micro-assurances qui pourraient probablement aider des couches très vulnérables de la population (ex : les professeurs) peut causer beaucoup de torts au pays.
En Haïti, les services d’assurance sont fournis par des organismes tant publics que privés sur différents domaines de la vie. Le secteur de l’assurance haïtien compte plus d’une dizaine d’entités qui fonctionnent sous un cadre légal très ancien, qui date de 13 juillet 1957 et modifié par le décret du 20 mars 1981. C’est donc un secteur en panne institutionnelle et de réglementation, qui nuit à son développement. Les compagnies au niveau du secteur de l’assurance en Haïti sont reparties en 2 compagnies publiques et 11 compagnies privées accréditées.
Dans de telles situations, le secteur public, à travers son budget, doit s’engager davantage dans la protection sociale des haïtiens. Il faut aussi appeler à la régulation du secteur de l’assurance pour faciliter des innovations et plus de concurrence afin que la population puisse bénéficier de ce droit humain essentiel pour lutter contre la Covid-19. En cette période de crise sanitaire, le renforcement de l’assistance sociale, des politiques publiques adéquates doivent être implémentées pour combattre la crise tout en pensant surtout à un système de protection sociale fort et dynamique en Haïti. L’amélioration des politiques et des programmes du marché du travail, l’intégration des municipalités dans la protection sociale, des partenariats publics-publics, publics-privés et privés-privés, le cadre légal du système d’assurance et la prise en compte des travailleurs informels, sont parmi des politiques susceptibles de transformer Haïti en un pays beaucoup plus résilient face à des pandémies comme le coronavirus.
Covid-19: Une meilleure protection sociale est indispensable en Haïti afin de protéger les pauvres
Johnny Joseph 6
Applied Economist, co-founder of Catch Up Haïti, Consultant at Group Croissance.
2 Commentaires
Arcaxes
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