Les artistes ont tous une raison qui les pousse à s'adonner à leur métier, une raison qui leur aide à se fixer un objectif, à utiliser l'art comme un canal pour faire passer leur message. Qu'il soit musicien, écrivain, acteur de cinéma, de théatre ou peintre, l'inspiration leur vient souvent de l'amour ou en observant la nature. Mais certains artistes ne restent pas indifférents à la misère, la violence, la pauvreté qui détruisent le monde ou annihilent la vie dans les communautés dans lesquelles ils évoluent. C'est le cas de Pierre Jeau Lauson. Il est diseur, chanteur, plasticien, acteur et comédien.

Je suis de ces artistes qui utilisent l'art comme un moyen pour dénoncer certaines dérives qui nuient au bon fonctionnement de la société,

aime-t-il dire.

Né le 28 avril 1978 au Cap-Haïtien, Pierre Jean Lauson qui a pour nom de scène Oktavio Pete fetay a grandi à Carrefour avec sa mère Yse Marilie Latouche et son père Lunace Pierre. Il est père d'une petite fille, Pierre Aline Maryard Thanaëlle qui est âgée de dix ans. Père célibataire, Oktavio fait du théatre, du cinéma. Il est aussi chanteur et plasticien. Il débute dans l'art depuis sur les bancs de l'école primaire, c'est là qu'il a commencé à se faire remarquer par le ton changeant de sa voix qui imite certaines personnalités du pays, et ses mimes qui attirent l'attention. Une fois, son institutrice l'a même choisi pour jouer un rôle lors de la fête du drapeau. Mais ce n'est qu'en 1996 qu'il a vraiment fait son entrée sur scène.

De 1996 jusqu'à aujourd'hui, cela fait exactement vingt-cinq années. Vingt-cinq ans depuis que je sillonne toutes les allées de la société haïtienne dans mes textes et mes représentations théatrales. Vingt-cinq ans que j'essaie de décrire la chute abyssale que connait que la vie en Haïti,

nous dit-il aidé de moult gestes. Sa plume et sa voix traversent toutes les classes sociales du pays, analysent l'ensemble de nos traditions, évoquent nos moindres émotions ressenties et enfin disent, la voix haute, la monstruosité de nos politiques :

Kwa mare kwa
Yon peyi vap men ni
Sou bisantnè lavi
Malfini pran kui kè
Yon bann fanmi
Sousi kont sousi
Gè a se malkadi

Pierre Jean Lauson, avec un sourire figé aux commissures des lèvres, nous dit :

faire de la culture en Haïti a toujours été un travail de longue haleine. Tout comme l'État ou la politique, l'industrie culturelle de ce pays est non seulement boîteuse mais aussi improductive. Par contre, cela n'empêche que moi-même je produise. En ce moment, je travaille sur deux spectacles de rue.

Jean Lausond se veut un militant pour la culture en Haïti, notamment à Carrefour, car, selon lui, il n'y a pas mieux pour connaître ses vraies origines.

Comme l'a si bien écrit Max Abner Etienne : l'art a toujours été au service de la société. Pierre Jean Lauson s'est servi de cette assertion pour ébruiter la violence qui dilacère le bien être en Haïti. L'artiste se permet d'être un observateur raffiné pour être en mesure de décrire la vie telle qu'elle est dans le pays. Ses réalisations en sont des preuves : Batay fyèl san kè, dènye evénman, Ayiti kilti, vil Pòtoprens. Tous ces textes sont disponibles sur la plateforme Youtube, consultez-les vous même pour en vue de découvrir l'artiste, si ce n'était pas encore fait.