Le beau temps vient après la pluie. C’est un vieux cliché que l’on entend souvent. Pourtant, il se prête volontiers à la folie provoquée par le groupe musical Zafèm. L’univers moribond du compas, constellé d’étoiles qui ne scintillent plus depuis le déluge, renaît à la vie après ce grand Big Bang. Les animateurs-connaisseurs-tonneaux-vides, ont beau ergoter sur l’échec retentissant à venir du groupe, aucun ne pouvait prédire cette révolution. Leurs certitudes, soleils éteints, ont été happés par le trou noir d’une plume magique inventant des formules et des mondes merveilleux. Le parolier est une vieille âme incarnée dans un corps jeune. Les mots tournent dans une ronde infinie, nous entrainant invinciblement avec eux. Quel prodige!
 
L’album dont la variété des thématiques traitées n’a d’égal que la richesse de sa diversité dans un style dont les sonorités rappellent autrefois tout en invitant à la nouveauté, a été plébiscité dès sa diffusion. Le beau plait simplement. Le mariage poésie et mélodie n’a pas fini de surprendre. Le produit fini dépasse toutes les attentes. La réalité enchante le rêve. Sacrés musiciens  prestidigitateurs !
 
La grande première a été couronnée d’un succès éclatant. Le public a joué sa partition dans la ferveur. Le gigantisme américain a amplifié les performances de chaque musicien. Dener Séïde et son comparse, Réginald Cangé, se sont surpassés. Dans la foulée Twitter s’est affolée. Des milliers de gens ont reproduit la danse sur un pied du chanteur dont le savoir-faire ne se limite pas uniquement au compas.
 
C’est un fait assez rare pour le signaler, Réginald Cangé possède un talent fou. En effet, il peut être chanteur: d’opérette, de Hip Hop, de RNB, de Racine, de Dance Hall et bien sûr de compas. Il a une voix en or, suave, veloutée, percutante. Avec Zafèm il connaît une renaissance à la dimension de son immense talent. Avec lui, le génie a plus d’un siècle. François Marie Arouet doit se retourner dans sa tombe.
 
Pour en revenir aux prestations du groupe sur scène dont les divinò n’avaient pas manqué de minimiser l’impact, un public trié sur le volet et fin connaisseur, constitué d’haïtiens et de nombreux fans étrangers ont vanté non seulement la richesse de l’album mais encore le spectacle à chaque sortie. Le chanteur vedette a fait le show. Le maestro, dans son style particulier, empreint de discrétion, rappelle aux dilettantes que les virtuoses font rarement du bruit, s’exprimant toujours par le talent. Sainte évidence !  
 
Après avoir conquis l’Amérique, Zafèm compte apporter un peu d’espoir aux nombreux affligés vivant chez nous. Bien heureux les affligés Zafèm vous consolera ! Ayiti attend impatiemment son Zafè l avec la promesse d’un bonheur tant espéré. Le reste dépend de la conjoncture.
 
Loin de s’avouer vaincus, les oiseaux de mauvais augure continuent leur travail de sape. Ils clament haut et fort: zafè Zafèm. Pour eux l’effervescence populaire qui accueille chaque prestation du groupe ne durera pas toujours. Savent-ils que rien ne dure à part le temps? Raphael Enthoven soutient, à juste titre, la science et l’intelligence n’ont aucune prise sur la mauvaise foi. Triste constat.
 
Les réseaux sociaux font la part belle aux incapables de notre temps. Ils se proclament influenceurs. La bêtise est de droit divin dirait Alain Barrière.
 
Messieurs Zafèm appartient aux mélomanes, au peuple. Quand le public reprend en chœur vos titres c’est qu’il est conquis. Quand les gens écoutent en boucles vos chansons c’est qu’elles traduisent leur réalité. Il se peut qu’une fois dans l’existence on entre dans la lumière. C’est instant qui dure un clignement, en fermant les yeux on le revit toute sa vie, chante en substance Andrea Bocelli dans Because We Believe.
 
Alors messieurs qu’importe ce que l’avenir vous réserve, le présent procure de la joie pour l’éternité. Vos noms à jamais sont inscrits dans les cœurs de chaque mélomane. Mieux, ils brillent au firmament de la musique universelle. La musique haïtienne se porte bien grâce à vous. L’espoir du renouveau dans un monde où tout est possible si l’on s’en donne les moyens exsude de chaque note, transpire dans chaque souffle. Vive la musique haïtienne!