Laye Création, une entreprise culturelle basée à Carrefour, lance le projet Art'C (ou de l'Art à Carrefour) pour promouvoir les arts, les métiers ainsi que l’entrepreneuriat culturel auprès des jeunes. Ce projet est opportun car les conditions d'existence de la jeunesse haïtienne, qu'elles soient d'ordre économique, politique et sociale, sont des plus précaires de toute la région caribéenne. En effet, 30.7% des jeunes haïtiens de 15 à 24 ans sont au chômage d'après les données de la Banque mondiale. À titre de comparaison, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans est de 13.5% en République dominicaine, soit un écart de 17.2% entre les deux pays. Par ailleurs, l’augmentation de l'offre d'emploi en Haïti n'est pas pour demain. Entretemps, les jeunes doivent vivre, ils doivent continuer d'exister parce que les besoins primaires n'attendent pas d'être satisfaits, ils ne le peuvent pas car ils relèvent du Ça, structure psychanalytique freudienne, régie par le principe du plaisir ou de la satisfaction immédiate. Dès lors, quelle alternative pour la jeunesse haïtienne ?

À cette question, Laye Création propose l’entrepreneuriat culturel ainsi que la mise en valeur et l'exploitation des métiers et des produits de l’art. En d'autres termes, Laye Création propose à la jeunesse haïtienne de puiser dans l’intarissable source culturelle haïtienne pour se donner une alternative économique par rapport à l'économie import/export et exclusive de l'élite possédante . Cette voie de l’entrepreneuriat par la culture est audacieuse , innovante et pleine d'opportunités. Mais est-ce possible de faire de l’entrepreneuriat culturel ? Certainement.

La culture ou la civilisation, nous dit Tylor, est « cet ensemble complexe qui comprend le savoir, les croyances, l'art, l'éthique, les lois, les coutumes et toute autre aptitude ou habitude acquise par l'homme comme membre d'une société. »La culture est donc un tout englobant aussi bien nos créations les plus concrètes que nos plus intimes pensées et sentiments. Nous pouvons donc affirmer, sans crainte d'être accusé d'un culturalisme exacerbé, que la culture est omniprésente dans la vie des humains, y compris dans leurs créations économiques. Cette idée a été bien mise en évidence par Carrier dans sa définition de la culture qui renvoie à :

"Tout l’environnement humanisé par un groupe, sa façon de comprendre le monde, de percevoir l’homme et son destin, de travailler, de se divertir, de s’exprimer par les arts, de transformer la nature par des techniques et des inventions. La culture, c’est le produit du génie de l’homme, entendu au sens le plus large ; c’est la matrice psycho-sociale que se crée, consciemment ou inconsciemment, une collectivité : c’est son cadre d’interprétation de la vie et de l’univers ; c’est sa représentation propre du passé et son projet d’avenir, ses institutions et ses créations typiques, ses habitudes et ses croyances, ses attitudes et ses comportements caractéristiques, sa manière originale de communiquer, de produire et d’échanger des biens, de célébrer, de créer des œuvres révélatrices de son âme et de ses valeurs ultimes. La culture, c’est la mentalité typique qu’acquiert tout individu s’identifiant à une collectivité, c’est le patrimoine humain transmis de génération en génération».

Vous l'aurez compris, l'économie est culturelle de même que ses pratiques. La jeunesse haïtienne, et particulièrement les jeunes opérateurs culturels, sont donc invités à s'immerger dans la culture haïtienne, dans sa forme artistique pluridimensionnelle, pour frayer leur propre voie économique et rompre la dépendance de l’élite économique traditionnelle qui ne jure que par leur misère. Et, si vous êtes prêt-e-s à relever ce défi, alors soyez des nôtres du 21 au 23 janvier 2021.



Auteur: Citoyen Ken