Zafèm ou une Harmonie Kaléidoscopique

Zafèm ou une Harmonie Kaléidoscopique

Je causais avec une amie au téléphone quand je remarquais qu'il signale 9h sur mon écran incurvé. Suite à de brefs mots de conclusion, je pars en trombe guetter une page qui diffuse la perfomance. Arrivé sur une, c'est le sinistre moment où s'accumulent des problèmes techniques entravant le cours normal de l'émission du programme.

Je souffre un peu avec l'espoir d'un canaan non trop loin. Mais c'est mal connaître ce pays où la certitude est un luxe étranger à notre quotidien. Vient ainsi une panne de signal du réseau mobile. Tout le monde connait le seuil de qualité de nos signaux téléphoniques. C'est un vaste business de tricherie épicé par coups de publicités mensongères. Bref.

Ça revient, et je recommence à jouir de ce live dans lequel suinte du talent telle une femme fontaine incontinente. Au moment où j'avais la chance de relancer la poursuite du visionnage, le groupe à peine né s'est donné à corps perdu dans une bouillie de poésie servant d'hommage au sérénissime feu George Castera. Un jonglage de beaux mots qui valsent sur le son des instruments drapés par la meticulosité d'un Dener Céide en transe.

Ensuite, Dans un décor mélodique joignant le tempo Racine, le groupe, avec l'aide d'une chorégraphie bien adaptée, vouait toute une partie de sa performance à notre terroir. Le tambour s'accentue, l'atmosphère se spiritualise, les protestants ont, sans doute, temporairement laché le live.

Dans une transition incognito, Zafem enchaîne avec une bachata qui nous offre un Réginald Cangé qui peint sa voix comme un Basquiat des années 80. C'etait l'art en personne. D'ailleurs, on ne discute pas une interprétation de Cangé. C'est sacrée.

De Skahshah #1 passant par rezilta, jusqu'à Savalou, la fièvre du compas se faisait sentir sur tous les spectateurs 2.0. L'éphémère de chaque solo de guitare ou de Keyboard marquera à jamais l'esprit des lives de la musique haïtienne. L'affaire de zafèm est aussi des trompettistes qui mesurent bien leurs notes, une chorale peu catholique; n'en parlons pas de l'autre guitariste qui était d'une complicité musicale intense avec Dener Ceide.

Toutes les pièces du puzzle de la musique ont été au rendez-vous. Une ingénierie de son dans toute sa gravité. J'ai été surtout abasourdi par la diversité de formes que peuvent emprunter leur talent. La facilité des transitions d'une musique riche en synchonicité. Au bout du compte, toute la force de ce live tant attendu gît dans un spectacle diversifié.

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J Kendy Clermont 8

Étudiant en Sociologie à la Faculté des Sciences Humaines (FASCH) de l'Université d'État d'Haïti (UEH).

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3 Commentaires

  • Gerlourde

    July 04, 2020 - 04:09:23 PM

    Pourquoi pointer du doigt les protestants?

  • Sophonie

    July 06, 2020 - 12:17:53 PM

    Félicitation! Très beau texte!

  • Julande Jourdain

    January 04, 2022 - 03:14:16 PM

    Waww