Haïti, le football en état de siège : une nation qui s'effondre sous le poids de l'impunité

Haïti, le football en état de siège : une nation qui s

Les images sont accablantes. Une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux dévoile une scène que l’on aurait cru inimaginable il y a encore quelques années : des individus armés ont pris le contrôle du Centre FIFA Goal, un site vital pour l’avenir du football haïtien. Cette attaque, survenue le dimanche 9 février 2025, à presque une année après la perte du Stade Sylvio Cator, sonne comme une mise à mort programmée du sport national. Plus qu’un simple fait divers, c’est le symbole d’un pays qui sombre dans l’anarchie, où même les derniers refuges de la jeunesse sont dévastés par la violence et l’indifférence de l’État.

Il fut un temps où le football haïtien représentait une lueur d’espoir, un vecteur d’unité nationale dans un pays meurtri par l’instabilité politique et la misère. Le Centre FIFA Goal, à la Croix-des-Bouquets, incarnait cette ambition : former une nouvelle génération de talents, éloigner la jeunesse de la violence et du désœuvrement. Aujourd’hui, ce sanctuaire du sport est tombé aux mains d’individus qui, en toute impunité, poursuivent le pillage systématique des infrastructures nationales.

La Fédération Haïtienne de Football (FHF) a beau condamner « avec la plus grande fermeté » cette attaque, la réalité est implacable : en Haïti, les condamnations restent lettre morte, les appels à l’action se noient dans le vide, et les criminels continuent de régner en maîtres. Qui rendra justice au football haïtien ? Qui rendra justice à cette jeunesse qui, au lieu de rêver de trophées et de victoires, doit désormais craindre pour sa survie ?

Il est trop facile de pointer du doigt les assaillants visibles, ceux que l’on voit à l’écran, armes à la main. Mais la vraie culpabilité est ailleurs. Elle se trouve chez les autorités qui ont laissé le chaos s’installer, chez ceux qui, par incompétence ou par lâcheté, ont abandonné l’idée même d’un État fonctionnel. Que reste-t-il d’une nation lorsque même le sport, ultime rempart contre la déchéance, est réduit en cendres ?

Il est temps d’arrêter les lamentations et les communiqués impuissants. Ce centre ne doit pas devenir une ruine de plus sur la liste interminable des échecs haïtiens. Il doit être restitué immédiatement, et sa protection assurée par un État qui, s’il lui reste une once de dignité, doit enfin assumer son rôle. Assez de discours creux. Il est temps d’agir.

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Jean Daniel Pierre 7

Né à Port-au-Prince le 16 août 1998, JDP est journaliste de profession.

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