Directeur artistique du projet Jacmel Talents, Darlin Johancy Michel est musicien, poète et opérateur culturel.

Kafounews: Pour plus d'un, le projet jacmel talents a été une réussite. En tant que directeur artistique, comment avez-vous vécu cette expérience?

Darlin Johancy Michel: Entre la fatigue, l'étonnement et la satisfaction du devoir accompli, Jacmel Talents avait une constante: la joie. La joie des jeunes bénéficiaires du projet en rencontrant des professionnels qui se sont mis à leur disposition comme mentors, de rencontrer d'autres jeunes talents comme eux. La joie des coachs et de la Direction Artistique du projet voulant tout donner pour accompagner ces jeunes durant ces 3 mois. Ce fut un vaste chantier, un grand laboratoire. Finalement la joie du grand public qui a su donner aux jeunes leur support, leur chaleur. De loin ce fut l'une de mes plus belles expériences.

KN: Quelles en sont les leçons apprises?

DJM: Jacmel est une véritable mine en ce qui à trait aux talents artistiques, toutes disciplines confondues, particulièrement dans de domaine la chanson, la scène jacmelienne avait ce besoin de se renouveller. Depuis bientôt 4 ans que j'y vis, je n'ai cessé d'écouter les plaintes des consommateurs qui évitaient certains spectacles proposés en raison de la monotonie, du manque de sang neuf. Jacmel talents m'a fait découvrir des jeunes aux talents prometteurs. Ils se sont surpassés en vue de prouver qu'ils sont des passionnés,et que rien ne peut arrêter leur détermination. Travailler en équipe est un bel exercice où les perceptions différentes peuvent hypothéquer la réussite d'un projet d'où l'importance de conjuguer les efforts vers l'objectif à atteindre en développant constamment l'esprit d'équipe. Ce fut un des piliers de notre approche de travail mon assistant, Isaac Jean-Louis et moi. Dès décembre nous avons imposé aux jeunes de chanter en groupe une musique tirée au hasard, ce qui les à porter à prioriser le collectif sur l'individuel. En Janvier et en février ils avaient à choisir leur chansons pour des travaux individuels, sous le regard du coach vocal Julie Benoît qui a fait un travail extraordinaire. Loin de les monter les uns contre les autres, les séances de travaux ont rapproché les jeunes qui ont désormais de très bons rapports en témoignent notre groupe Whattsap qui affiche souvent 200 et plus de messages. Quand elle se sent encadrée, la jeunesse est capable de grands exploits.

Le projet est bien sûr terminé. Qu'arrivera-t-il à ses jeunes?

Le travail continuera. D'ailleurs, ils ont enregistré ensemble une chanson que j'ai ecrite et produite, avec l'aimable collaboration de l'ingénieur Charlemagne Fortun. Cette chanson s'intitule: "l'espoir est là". En effet l'espoir musical de Jacmel est là à chaque coin de rue. Ces jeunes de Jacmel Talents sont si extraordinaires que mon équipe et moi souhaiterions les faire intégrer mon école : Ateliers Pédagogiques de l'Improvisation (API). Ils y suivront des cours de techniques vocales, d'initiation à un instrument harmonique: piano ou guitare. En fonction de leur orientation, ils auront à se produire sur les scènes que j'ai créé à Jacmel : Jeux dits Pwezi, Melonight, Kwen Kretyen, PianoBar, JazzHour. Je suis un fou de l'accompagnement des jeunes. Je le ferai de bon coeur avec les moyens du bord.

Qu'en est-il de votre carrière personnelle?

Ma carrière est fait de toute cette entraide, ce mentorat. Que je sois performeur ou producteur/formateur, c'est ma réalité, ma passion. C'est ma conception de ma carrière.

Vous avez quand même été à Jacmel dans le cadre d'une résidence pour la préparation de votre nouveau album...

J'ai été à Jacmel en effet pour l'écriture de mon projet d'album. J'ai finalement compris que c'est plus que celà. J'y suis allé pour créer des ponts artistiques, frayer des voies d'émergence de jeunes talents. La philosophie africaine dirait UBUNTU : j'existe parce que les autres existent. Ma carrière est une lutte pour la réussite des autres comme la mienne.

Un dernier mot...

Tout mon respect à Coach Nahomie Jeudi, Jim Jacob Pierre, Georges Fénelique, et Marika Makela pour m'avoir permis de servir cette noble cause.



Propos recueillis par: Gabynho