Étudiant en Sciences Politiques à l'Institut National d'Administration, de Gestion et des Hautes Études Internationales (INAGHEI) de l'Université d'État d'Haïti (UEH), Billy Doré est journaliste rédacteur de l'agence de presse en ligne "Balistrad". Il collabore aussi avec plusieurs autres médias, Observatoire Africain des Professionnels de l'Édition (OAPE), AZ-INFO et Plimay. Mamòte est son deuxième ouvrage.

⚫KN_ Mamòte, qu'est ce qu'il y a derrière ce titre ?

⚫BD_ Ce titre est la nette expression d'un trop plein. D'une incommensurable envie d'extérioriser un ensemble de maux par le biais de ces mots. Dire d'une manière qui semble confuse ce qui est pourtant bien négligé par la société. C'est un appel à la conscience de ceux qui prennent le malin plaisir de marmonner leurs déboires de peur de ne pas s'engouffrer davantage dans le malheur. Le titre Mamòte est ce prétexte pour se camoufler afin d'extérioriser et clamer des peurs, des chagrins, de l'injustice, toute sorte de violence et d'autres sentiments. C'est justement là que se trouve l'aisance même du titre.



⚫KN_ Vous n'êtes pas à votre coup d'essai. Vous aviez publié "Foli fou" en 2017, quel a été le feedback ?


⚫BD_ Comme si le public m'attendait. J'ai reçu un accueil chaleureux. Très peu sont les critiques négatives venant des lecteurs de "Foli Fou". Après cette publication, j'ai pu trouver ma vraie famille, celle du monde littéraire.


⚫KN_ Qu'est qui vous a poussé à faire de la poésie ?


⚫BD_ Dès mon plus jeune âge, j'étais habité par la folie du livre notamment les romans. C'est en classe de neuvième annnée fondamentale que j'ai fait la connaissance de ce genre littéraire, la poésie. Du coup, je me suis glissé doucement dans cet univers. En classe de troisième, grâce à mes professeurs de littérature ( Française et Haïtienne) je suis tombé amoureux de ce genre. L'élégance et l'énergie qu'ils ont dû mettre pour lire ces vers en sont les raisons.
Je me rappelle comme si c'était hier comment j'étais ému après avoir lu pour la première fois "Ballade des pendus" de François Villon.

En effet, c'est la facilité de créer et de remettre en cause l'évidence qui me pousse dans les bras de ce genre littéraire. J'ai toujours la nette impression de me réinventer à chaque vers que j'écris.

En lisant et relisant des poèmes de Castera, Syto,  Beaudelaire, et surtout de René Depestre, la nécessité de m'accrocher à la poésie s'aggrandit tellement que l'on peut imaginer.



⚫KN_ Un vers pouvant résumer ce recueil...

⚫BD_
Leta se marengwen
Lè jwèt la make san
Ou se koutiryè
Lè kè m defripe

Mamòte, paj 45

⚫KN_ Vos deux recueils sont écrits en créole haïtien, qu'est-ce qui justifie ce choix ?


⚫BD_ Ce choix vient d'abord dans un souci de rester accroché à ce que l'on pourrait appeler « une nécessité d'engagement » qui trouve sa raison d'être dans un contexte bien particulier où le créole est une arme.  Au bout du piste,  je prenais le risque de m'adresser à presque tout le monde sans passer de manière inconsciente sur le milieu auquel prend naissance cette écriture.
Je voulais, au délà, de ce que j'ai partagé dans ces deux recueils de trouver un médium plus proche de l'Haïtien... Le créole a bien joué ce rôle.


⚫KN_ Un conseil aux jeunes voulant se lancer dans le domaine de l'écriture...

⚫BD_ Ce ne sera pas facile dès le début. Vous devez  persévérer et surtout persévérer. Lisez tout ce qui vous tombe sur la main. Lisez comme un fou et le temps d'écrire sera venu tout seul. Faites en sorte que vous soyez un lecteur assidu avant de vous considérer ou de vous faire considérer comme écrivain.