Volcy Isaac, la lecture est la (re) construction du sens.

Volcy Isaac, la lecture est la (re) construction du sens.

Le poète, dramaturge et comédien Volcy Isaac est né à Port-Salut le 24 décembre 1983. Auteur de "Ma drapo souvnans" et de " L'Arbre oratoire", il écrit en créole et en français. Pour la première sortie de la rubrique "Écrire pour transformer" de Kafounews, on vous invite à déguster cet homme au verbe hautement épicé.

Comment présentez-vous Issac Volcy?

●- Il est toujours difficile de parler de soi, car notre personnalité est faite du conscient et de l'inconscient. Mais pour éviter l'horreur du vide, en voici une présentation : né en Haïti le 24 décembre 1983, Isaac Volcy, auteur de "Ma drapo souvnans" et de "L'arbre oratoire : ma femme, ma terre natale", est écrivain, philosophe, poète et metteur en scène.
Certains de mes textes sont mis en chanson par l'artiste Shamma Lorrédan et par Roseleine Volcy, mon épouse.
Certains de mes poèmes sont publiés dans les colonnes du journal Le Nouvelliste.
Je vis en Floride et travaille sur des projets collectifs qui sont une anthologie et une maison d'édition.

Être poète, cela veut dire quoi pour vous?

●- Rien! Mais c'est aussi une formule pour dire que le poète est tout par le biais de son imagination et sa création. Si l'on considère la poésie comme une tentative de saisir le réel par des détours, le poète peut être celui qui fait le jeu. Soit en étant un malin et demi au monde malin dans lequel nous vivons.

Votre début dans l'écriture?

●- Des acrostiches. J'avais l'habitude de faire des acrostiches pour mes amies et mes amours. Ensuite, des lettres. Il y avait une époque où la conquête de l'amour se faisait par l'écriture, ce qui est censé démodé dans ce siècle de raccourci. En l'an 2000, j'ai entamé le théâtre. En 2004, j'ai écrit mon premier recueil de poèmes inédit. Mais le théâtre était ma passion. Voilà pourquoi j'ai écrit et mis en scène plus d'une scène de pièces de théâtre. Il fallait attendre ma rencontre avec le poète Anderson Dovilas en 2015 pour me ranimer aux carrières de la poésie.

Vous avez publié deux recueils de poésie, comment voyez-vous l'accueil du public?

●- J'écris dans un contexte difficile. Je vis dans un pays anglophone, alors que j'écris en créole et en français. Et le public créolophone immédiat que j'ai n'est pas trop intéressé à la lecture, soit par manque de temps ou manque de culture. Ce qui me pousse à travailler sur mon premier album de poésie. Par contre, il y a un capital social et symbolique que j'acquiers par mes publications tant en Haïti qu'à l'étranger. C'est déjà une note positive dans ma carrière d'écrivain.

Vous avez un écrivain modèle?

●- J'aime les aventures. La lecture et l'écriture sont mes hobbies. En ce sens, je ne me limite pas à un auteur. Pour paraphraser Etzer Vilaire dans sa démarche éclectique, "Je suis une abeille, je dois butiner de fleurs en fleurs pour produire mon [propre] miel". Cependant, j'ai un penchant pour les poètes d'une écriture simple malgré la complexité du monde duquel ils s'inspirent, pour les poètes qui jouent non seulement sur les images mais aussi sur la logique des choses, les poètes qui font de la philosophie au niveau de leur poésie. On pourrait ajouter que le poète est aussi une sage femme. Une sage femme qui fait accoucher les images en fonction de sa vision du monde, de son vécu quotidien et/ou de ses aspirations.

Vos conseils à un jeune qui pense à se lancer dans le domaine de l'écriture.

●- D'abord, il faut lire et relire les genres dans lesquels on veut se lancer. Un écrivain est un franc et éternel lecteur. Faire de la littérature, surtout de la poésie, n'est pas une compétition ou un simple jeu de se faire voir comme écrivain, mais plutôt une lutte et rature. Une lutte et rature dans la mesure où il y a tellement de poètes qu'on doit prendre soin de travailler son oeuvre avant de la publier. Sinon, on risque de se perdre parmi la foule. Visez à créer votre propre place en visant d'apporter quelque chose de neuf.

Quel est votre définition de la lecture?

●- La lecture, c'est la (re)construction du sens. Tout texte est écrit pour être lu. C'est le lecteur qui complète l'oeuvre tout en se complétant lui-même. Et si l'on part de l'étymologie latine, lire, c'est cueillir. On lit pour cueillir, soit des informations soit la vision du monde transmise par l'auteur. Ainsi, chaque lecteur est habité par des personnages divers ou auteurs.

Et écrire alors ?

●- L'écriture est une aventure des ratures. Toujours est-il, l"i" manque toujours un accent. C'est une cuisson de cris crus offerte à tous.
Bref, un partage. On écrit pour partager sa vision du monde, ses idées, ses expériences aux lecteurs,... Écrire, c'est aussi se vendre pour s'immortaliser!

Vos projets ?

●- En ce qui a trait à mes projets, ils sont multiples. À côté des deux projets collectifs que j'ai mentionnés dès le depart, j'ai un nouveau recueil de poèmes (en français) à publier d'ici le début de l'année prochaine avant d'explorer d'autres genres littéraires, et je suis en train de travailler sur un album de poésie en créole dans lequel j'ai partagé le track " Ochan pou tout manman" avec le grand public. Ensuite, je viens d'annoncer sur les réseaux sociaux et les médias la sortie d'un nouveau track, intitulé : "Dans Petwokarayib la ".Tout est censé prêt, le public n'a qu'à attendre la fin de ce mois!

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Blondy Wolf Leblanc (Gabynho) 100

Mémorand en psychologie à la Faculté des Sciences Humaines de l'Université d'État d'Haïti (FASCH-UEH), Gabynho est un acteur culturel très influent à Carrefour où il initie et coordonne "Festival Liv Kafou", "Semèn Jèn Ekriven Kafou" et "Week-end Poétique".

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