Bonne année! Bonne conscience!

Bonne année! Bonne conscience!

L’année deux mille vingt-deux touche à sa fin sur fond de larmes de sang versées par des dizaines de milliers de foyers endeuillés dans l’indifférence la plus totale des pouvoirs publics. Le pays s’enfonce dans l’obscurité profonde. La mort se rencontre à chaque coin de rue, car elle a trouvé refuge dans nos cœurs.

Le silence des autorités, aveu d’impuissance, laisse le champ libre au choléra qui sème la désolation dans les communautés les plus vulnérables. Des invisibles meurent sans gloire ni trompette. L’autre, champion des courbettes, dans son for intérieur se dit: bon débarras!

Les chefs de guerre étalent leur richesse et leur puissance de feu au grand jour. Les populations apeurées se terrent, abandonnant à contrecœur des lieux, des rêves de toute une vie. Les plus hardis se font kidnapper dans les rues ou chez eux. Rien de nouveau sous le soleil d’Ayiti!

La cohorte des déplacés, d’une ville à l’autre, grandit sans cesse. Le nombre des sans-abris croît à vue d’œil. Les familles décapitalisées se cherchent une raison de garder la tête haute, de ne pas baisser les bras. Les enfants grandissent comme les mauvaises herbes, sans instruction. Les classes sont vides. Au ministère de l’éducation nationale, il se dit que l’année scolaire sera un succès.

La valse des trépassés se danse à contretemps. Le siège du pouvoir politique n’est ni le Palais National ni la rue. Les parlementaires se taisent. Ils ne mentent plus. Silence de cimetière avant la grande catastrophe!

Comment des êtres humains peuvent-ils subsister dans de telles conditions ? Combien de temps pourront-ils encore tenir dans l’indignité, la peur et l’ignominie? Le temps qu’ils voudront. À force de succomber, la peur n’effraie plus. À se vautrer sur les couches de la honte, elle s’est enchevêtrée dans toutes les strates de la société. La lumière demeure la seule issue possible pour recouvrer sa dignité. Elle est en chacun de nous. Sa lueur tremblotante éclaire encore. Il suffit d’un petit geste pour irradier nos vies… il suffit d’une prise de conscience.

Bonne année! Bonne conscience !



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Franck S. Vanéus 43

Avocat et Philosophe...

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