Chronique: fuir pour vivre et rester pour mourir

Chronique: fuir pour vivre et rester pour mourir

Assis entre quatre murs face à une feuille blanche. Stylo entre les doigts. Je feuillette les souvenirs du passé. On dirait qu’ils sont d’hier. Sensibles, soucieux et inconscients, à l’époque. Mais conscients que c’était beau. Beau à vouloir revivre ces hiers (le passé) aujourd’hui. En admirant le passé, j’ai l’impression de retrouver un sourire perdu. Non, assassiné par les années. Une simple impression ; le fait que je souriais. Dans tous les cas, il serait éphémère. Parce que je ne peux supporter : les cris des Mères, Pères, Enfants, des Frères et Sœurs. Les gens qui s’immigrent, les maisons qui brûlent, les bals qui atterrissent dans les poitrines des garantisseurs de demain … Putain !

Mais, que va devenir demain si on nous assassine aujourd’hui ? Étant restés vivants, qu’allons-nous devenir demain ? Ensemble de questions qui rongent les cerveaux des gens de notre société actuelle. Et force de constater ces questions qui posaient peut-être problème à l’époque de : Jean Baptiste Cinéas, Jacques Roumains, entre autres, sont, sans contester, dans toutes les têtes ces jours-ci. Et, on ne peut nier que « Nous allons tous mourir. » (Paraphrase de Délira Délivrance), est la réponse d’un bon nombre d’Haïtiens. Car la pauvreté les entoure. Nous entoure ! Le chômage, l’insécurité… obscurcissent tout espoir d’un aller mieux.
À mon avis, Frère ! Ce qui fait la grande différence entre l’ancienne époque et celle d’aujourd’hui, c’est la résignation. Peut-être un mal. Mais, c'était un mal bien ! Parce que, de nos jours trois quart des haïtiens veulent partir. Non, ils veulent fuir! Puisque ce n’est pas pour ; aller, puiser et retourner. Mais c’est pour ; aller, fonder, naturaliser et mourir. Puisque le pays (Haïti) est souffrant. Ils veulent fuir pour être respectés et ressembler à un autre : Yankee, Français, Canadien … comme si cela déracinerait d’eux le peuple qui ; danse, chante et jette un lot de crachats après avoir uriné quelque part.

Quant aux autres (le quart) qui restent, trois facteurs peuvent expliquer leur choix. Le premier ; ils n’ont pas de papiers, stupidement ils se font appeler : patriotes ou nationalistes. La seconde, ils sucent (exploitent) le système. Le dernier, c’est ceux qui ont choisi de rester pour se battre pour le changement. Étant bien imbus du mal-être, ces derniers s’éfforcent de bien apprendre. Ils se mettent en tête qu’ils doivent tout faire pour que demain aille mieux. De plus, qu'on aura besoin d’eux pour pérenniser et embellir ce climat de bien-être. Quant à moi, je suis de ceux qui croient que le soleil se lèvera un jour à l’Est. De ceux qui ne vivent pas d’une espérance sans poser d’action. D’ailleurs, mon premier acte c’est d’avoir choisi ce pays pauvre (Exagération d’Haïti) parmi ceux qu’on me vend via leurs beaux romans. Sans crédit de contribution. Et toi, oui je sais déjà que tu as saisi l’occasion d’aller vivre sur les risques de te faire expulser un jour. Car, dans leur monde de riche, les noirs ne sont pas toujours les bienvenues. Une fois l’exploitation finie (néo-esclavagisme), ils créent une excuse et nous expulse. Des faux prétextes(!)

J'ai fait ce choix pour mes nièces et neveux âgés de quatre, cinq ans. Ils rêvent de devenir ; professeur (comme moi), médecin, ingénieur… Que de beaux rêves! Mais, comment garantir leurs études ailleurs tout en étant professeur ici ? Et, je ne veux pas, avec une licence ou un master ici, qu’ils aillent s’installer en terre étrangère pour être ; serveurs.ses, ménagers.ères ou quelconque autre fonction en dessous de leurs capacités acquises pendant de longues années. Ce n’est pas de la complexite, c’est plutôt l’endroit où ils vont le faire (mauvaise utilisation) et, la condition qui les pousse (souci de travail/insécurité). Pour éviter cela, je veux me battre pour eux, ici ! Il est vrai qu’ailleurs toutes les conditions se réunissent pour être un millionnaire en une journée (prétention). Mais, je ne serais pas l’espoir de tout ceux qui souhaitent devenir quelqu'un. Envieux, ils le seront sûrement. De travers, ils regarderont ma famille qui va à l’école. Un manque qui nourrit de nouvelle haine, qui dit cela, dit nouvelle guerre. Source de toutes formes d'instabilité.

Étant professeur, soucieux de nous, je reste. Je reste pour aider dans l'application des théories de bien-être ainsi que pour prêcher l'amour de soi, de la terre par les manuels d’histoires, de civiques, les livres de : Jean Price Mars, Anténor Firmin, Jacques Stéphen Alexis, Jacques Roumain, entre autres. Pour rééduquer la société restante.Je vais prôner une réafricanisation ouverte. Afin de leur montrer les liens qui nous unissent en tant que peuple fort, le rapport de maître-esclave qui nous rattache aux autres qui font semblant de nous aider sans espérer quelque chose en retour, ouverte dans la msure d'exploitrer la modernité des autres. Je reste pour critiquer leur racisme non parce qu’ils font subir des atrocités aux hommes noirs, mais juste parce que c’est mauvais. Rester pour les inviter à faire des efforts dans le mal, non fuir. Non à justifier l’esclavage pour un morceau de pain. Je reste pour planter des arbres, sensibiliser les gens du ghetto et mourir s’il le faut. Je vais tout donner, pour recevoir ou mettre le pays sur le chemin du progrès, d'avoir le respect. Tout comme Louis Joseph Janvier l'avait dit, « Quand la nation est insultée, l'insulte rejaillit sur chaque citoyen.» Pardon, ami-frère si je vous fais part de ces mots. Mais je voulais le faire à tout le monde parce qu'être Haïtien c'est sentir les peines. Je te le donne pour que tu puisses le lire ensuite, discuter à un ami là-dessus et l’autre va le faire à un autre et, ainsi de suite. Sur ce, je t'affirme que le pays va changer. Debrouille-toi pour y participer d’une manière ou d’une autre. Car Haïti renferme ton nombril, et un jour tu seras obligé d'y retourner. Ayibobo, vye frè m.


Gregory BAUDIN

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La Rédaction 237

Kafounews

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1 Commentaires

  • Pierre Rhoodens FERRUS

    February 13, 2024 - 10:01:12 PM

    Aucune expression n'aura le pouvoir de prouver ma gratitude envers ce jeune étudiant petit-goavien pour ce travail de haute portée qu'il vient d'effectuer. Allez au Zenith !!! Mon cher Greg.