Situation de paralysie dans la région métropolitaine de Port-au-Prince : Le secteur universitaire s’enlise

Situation de paralysie dans la région métropolitaine de Port-au-Prince : Le secteur universitaire s’enliseÉcole Normale Supérieure en feu

Port-au-Prince et ses environs sont devenus une nécropole. Outre les rues désertes, la vie meurt à petit feu. La violence aveugle des gangs n’épargne aucun secteur de la vie nationale : le politique, l’économique et l’éducatif, entre autres, sont à l’article de la mort. Ce dernier secteur comprenant l'Université d'État d'Haïti (UEH), s'est vu forcé de placer la clef sous la porte. Malgré cette fermeture brutale, l'UEH ne cesse d’être la proie de la haine attisée des bandits armés en ce premier trimestre de l’année en cours. En effet, quatre facultés ont été la cible de la violence extrême des gangs. Voici un bref bilan de la situation du secteur universitaire public à Port-au-Prince.

La FAMV, première de la liste

Le 29 février dernier, la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV), sise à Croix-des-missions/Damien, au nord-ouest de la Plaine de cul-de-sac, a été saccagée par des hommes lourdement armés. Ces individus ont pris d'assaut l'espace et ont séquestré les étudiants qui s’y trouvaient. Hormis les scènes de pillage systématique, un étudiant a été également touché à l'oreille par un projectile. Ils ont pu, entre autres, emporter des matériels de bureau. Parallèlement, de nombreuses écoles classiques de la région, ont aussi subi des actes de pillage.

FLA, refuge des déplacés

Le bâtiment logeant la Faculté Linguistique Appliquée (FLA) de l'UEH, logeant la rue Dufort, Bois-Verna, est occupée depuis le Samedi 9 mars 2024 par des déplacés forcés. En raison de la violence des gangs qui sévit à Port-au-Prince, des membres de la population ont dû abandonner leurs toits pour se réfugier dans des bâtiments publics. Il faut souligner que selon le rapport de Mars dernier de l'ONU, au moins 313 000 haïtiens sont des déplacés de la région métropolitaine de Port-au-Prince en raison de la violence armée des gangs.

Faculté Des Sciences, dans l'ambiance des violences armées

La Faculté des Sciences (FDS) de l’Université d’État d’Haïti (UEH) a été la cible d’une violente attaque par des individus armés dans la nuit du 13 mars 2024. Située à proximité de l’Hôpital de l'Université d'État d’Haïti (HUEH), elle s'ajoute à la liste des facultés de l'UEH vandalisées et pillées au cours des deux mois de turbulences extrêmes dont la région de l'Ouest du pays est l'objet. Peu de temps après cette situation atypique, le Conseil de la Faculté a effectué une visite des lieux pour évaluer l’étendue des dégâts, et a pu fournir une estimation de pertes inestimables en matière de matériels de bureau et de capitaux immobiliers du bâtiment.

ENARTS, ajoutée à cette triste liste

L'École Nationale des Arts (ENARTS) est la nouvelle institution du secteur de l'éducation supérieure qui a sombré sous l'emprise des bandes armées opérant aux alentours du Champ-de-Mars. Après avoir mené différentes attaques contre les bâtiments publics et privés dans la capitale, les membres du groupe "Viv Ansanm" ont pillé la plus grande institution de formation en arts plastiques du pays. Les rénovations apportés au bâtiment ont été réduites en cendres après pillage.

Indigné, le Mouvement de Liberté d'Égalité des Haïtiens pour la Fraternité (MONEGAF), une structure organisationnelle de l'ENARTS, se dit consterné par l'évolution de la situation d'insécurité du pays. Consulté par le rédacteur du présent article, Jn Ronald Montas, responsable des Arts à ladite structure, exprime son ras-le-bol en lançant un appel solennel d'unité aux classes défavorisées. "Une seule alliance est possible pour sortir le pays du gouffre au fond duquel il se retrouve : une fusion de l'organisation progressiste, de la masse ouvrière et des ghettos ; la situation d'insécurité actuelle ne demande que cette urgence d'unité de la masse", a-t-il soutenu activement.

École Normale Supérieure (ENS), incendiée

L’ ancien bâtiment où logeait l’ENS, il y a plus de 3 ans, à proximité du Palais National, a été incendié le jeudi 28 mars 2024 par des personnes non identifiées. Suite à des attaques contre les maisons commerciales, cette zone fait l'objet de constantes menaces d'incendie. D'ailleurs le dimanche 24 Mars, un nombre incalculable de pharmacies, de maisons et de dépôts stockant des marchandises ont été brûlés.

Alarmé, le rectorat de l' UEH dresse le sombre bilan

Dans une note rendue publique par le service de communication de l'UEH le 12 mars dernier, le Rectorat présente un bilan partiel sur l'ensemble des matériels emportés par ces individus mal intentionnés après les attaques perpétrées contre la FAMV. "Il s'agit, entre autres, de 35 laptops; de 42 imprimantes noir et blanc; de 12 onduleurs de 10 kilowatts incluant des régulateurs; de 122 ordinateurs; de 118 panneaux solaires de 275 watts; de 12 imprimantes en couleur; de 130 tablettes (Lenovo); de 87 bureaux; de 100 chaises de bureau; de 127 chaises de visiteurs; de 126 classeurs métalliques; de 152 ventilateurs; de 23 water cooler; de 73 UPS Forzan; de 32 tables de grand format; de 320 chaises de table; de 250 matelas étudiants; de 72 téléphones étudiants; de 82 portes au dortoir des étudiants et d'un nombre important de pupitres".

Par ailleurs, deux jours après, dans une autre note datée du 14 mars 2024, le rectorat de l’Université d’État d’Haïti (UEH) a condamné avec force les actes de vandalisme et de pillage qui ont été commis à la Faculté des Sciences. " Ces événements, survenus dans la nuit du 9 au 10 mars 2024, ont été perpétrés par un groupe de voleurs et de bandits, laissant derrière eux un tableau de destruction et de chaos sans précédent, le rectorat dénonce avec véhémence cette attaque injustifiée contre l'Université d'État d'Haïti," peut-on lire dans la note.

Appel à la justice

Face à l'état lamentable de cette situation d'insécurité, le rectorat de l'UEH pointe du doigt la léthargie des autorités en place pour établir un plan de sécurité."Il est impératif que les autorités compétentes prennent des mesures immédiates pour enquêter sur ces actes criminels et traduire les responsables en justice.

Il conclut en conséquence que "En cette période où Haïti fait face à de nombreux défis, la préservation de ses institutions éducatives revêt une importance capitale. Il est temps que les forces vives de la nation parlent d’une seule voix pour condamner ces actes de violence et inciter une grande mobilisation en vue de mettre un terme à ce chaos, remettre sur pied nos institutions et renforcer notre système éducatif. Le devenir de notre société passe par l’éducation.

Malgré l’escalade de la violence et l’impact dévastateur sur le système éducatif haïtien, les autorités tardent à prendre des mesures concrètes pour endiguer la crise. La communauté universitaire et la population en général se sentent abandonnées et impuissantes face à la situation. Les attaques répétées contre les institutions scolaires menacent l’avenir de l’éducation en Haïti. Le droit fondamental à l’éducation des étudiants est en danger, et les perspectives d’un avenir meilleur pour le pays s’assombrissent."

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Elmano Endara JOSEPH
elmanoendarartjoseph@gmail.com

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La Rédaction 237

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