Dumervil Wansly est bouquiniste, il vend ses livres à Carrefour, tout juste en face de mon repos 48. Il les étale sur le trottoir attenant au Centre d'Accueil de Carrefour.

C'est un devoir pour l'homme de participer au développement de sa communauté. Cela doit être un grand besoin pour quiconque qui se dit être citoyen de jouer un rôle dans l'avancement de sa cité, de son pays. Certes ce n'est pas chose aisée, car cela nécessite beaucoup d'efforts, de créativité et de passion. Mais parmi les nombreux moyens qui existent, le citoyen doit pouvoir en trouver un. C'est le cas de Dumervil Wansley, bouquiniste depuis 15 ans résidant à Carrefour. Vendeur de livres depuis 2006, ce dernier prétend vendre de l'espoir et de l'avenir aux autres, notamment aux jeunes. Ce qui est vrai, puisque son métier, qui est pour lui une passion, contribue au bien-être cognitif de l'haïtien. Le monsieur, né le 10 mars 1985 à Petit-Trou de Nippes, veut voir de toutes ses forces une nouvelle Haïti, une Haïti prospère et developpée. Et il s'attèle de son mieux pour que ce rêve puisse prendre chair.

" J'ai commencé ce commerce avec mille gourdes. Quand j'ai commencé, je ne savais pas exactement l'importance de ce que je faisais. C'est plus tard que j'ai compris que vendre des livres c'est vraiment important pour une société, surtout la nôtre car nos habitants sont majoritairement jeunes", nous apprend Dumervil Wansly, marié et père de deux enfants. Le premier âgé de 5 cinq ans et le second 9 mois. "L'idée de départ ce n'était pas de vendre des livres, non pas du tout. Je voulais juste faire du commerce pour avoir de l'argent. J'étais jeune, je crois que je n'avais que 21 ans à cette époque. Je n'avais que mille gourdes et je voulais l'investir. C'est ainsi que j'ai rencontré le mari de ma cousine, il était bouquiniste. Lui-même m'a conseillé de faire comme lui, il m'a dit de me lancer dans la vente des livres et que cela rapporte beaucoup. Voici comment j'ai débuté dans ce commerce." Un livre de Joël Alexandre, Sociologie de l'église, entre les mains, Dumervil se tenant près de sa table de commerce installé sur le trottoir devant le Centre d'Accueil de Carrefour, regarde défiler les véhicules.

Il nous arrive de faire des choses dont on ignore les retombées, monsieur Dumervil voulait au départ gagner de l'argent en vendant des livres, mais étonnament cela lui offrait beaucoup plus. "Avant je ne lisais pas, nous apprend-t-il, c'est pendant que j'ai commencé à vendre des livres que j'ai découvert Jacques Roumain, Jacques Stéphen Alexis, Jean Price Mars. Être bouquiniste ne m'a pas donné que de l'argent, mais aussi un nouveau comportement, cela a également enrichi mes connaissances en m'apprenant de nouvelles choses sur le monde qui m'entoure. Ainsi j'encourage aux autres de faire comme moi, lire un livre à chaque fois qu'ils le peuvent." Monsieur Dumervil n'a que 36 ans, avant il voulait être agronome pour apporter, dit-il, son soutien aux autres et ainsi aider l'État à lutter contre l'insécurité alimentaire. Mais faute de moyens, il n'a pas pu réaliser son rêve d'étudier l'agronomie. À 21 ans, il s'est lancé dans la vente de livres, et depuis, il y est encore "parce que cela lui plait" souligne-t-il.

"Ils sont peu ce qui lisent encore, quand j'ai commencé ils étaient beaucoup et je vendais beaucoup. Mais aujourd'hui les jeunes ne s'interessent guère à ça. J'aimerais tant leur parler des avantages de la lecture, mais comme vous le savez c'est difficile. Je rêve un jour de créer un club pour les élèves encore en primaire, pour parler avec eux, leur vendre de l'espoir et de l'avenir grâce à la lecture. Ils doivent savoir qu'ils sont la dernière chance d'Haïti." conclut Dumervil Wansly qui fait un diplôme d'études biblique depuis 3 ans à l'Union Centre d'Études des Béréens (UCEB).