"Je ne bande plus" est le titre accrocheur - un peu pompeux, il faut l'avouer "- du premier roman de ce jeune léoganais fougueux et multi-talentueux, Diery Marcelin, paru en 2016 chez Lakay Éditions. Sur une longueur de 130 pages, ce dernier nous transporte dans un voyage dans le temps de son enfance tachtée d'incertitudes, de niaiseries et de faux pas. Un roman biographique.

Tout a commencé par la quête de l'autre en vue d'étancher sa solitude dans la petite tente sous laquelle il s'abritait suite au séisme dévastateur du 12 janvier 2010. Jeune, il n'avait rien d'autre que son ede m peze" pour tenter de cicatriser les plaies laissées par le monstrueux goudougoudou. L'école, son principale activité, étant paralysée, il se mettait à l'affût de nouvelles connaissances question d'arroser avec un peu de piment ses journées trop fades. Comme la majorité des jeunes de l'époque, il se faisait inscrire à 40404, twitter, et essayait de correspondre à des inconnus qui, pour la plupart, auront gardé ce statut vitametènam. Un jour,il tomba sur un numéro qui allait marquer sa jeune vie ainsi que le restant de ses jours. Le numéro en question est celui de Chelle. Dès l'instant où ils commencaient à s'écrire, ils ne pouvaient plus se séparer jusqu'au jour où l'auteur-narrateur lui a déclaré sa flamme. De l'eau froide introduit dans une cuve d'eau bouillant à cent degré. Pendant un bout de temps c'est le silence total du côté de la jeune fille. Panique du côté de Diery qui n'arrêtait pas de penser à sa gaffe. Il se culpabilisait de vouloir anticiper les choses.

Tournant magique de la situation. Chelle a appelé sur le numéro de la mère de Diery. Une pierre deux coups pour ce dernier. Ils ont repris contact, et pour comble de bonheur, Chelle lui a aussi déclaré son amour. Une relation qui s'est construite sur le hasard des réseaux sociaux qui va laisser une trace indélébile dans le coeur et dans la vie des deux tourteraux. La jeune femme étant chrétienne (protestante) invitait le jeune homme à son église pour leur première rencontre. Une grande première qui a un peu décontenancé Diery. La température de l'accueil que lui a réservé Chelle étant de moins dix degré. Et cela va être aussi le premier coup dur pour le couple. Le pasteur de l'église avait remarqué la présence du garçon dans l'assemblée(un corps étranger ne pouvant pas passer inaperçu). Il avait tenu bon de rappeler à Chelle que lumière et ténèbre ne font pas bon ménage. La fille contre son gré n'avait pas d'autre choix, on doit faire ce que le pasteur croit opportun quand on est chrétien: rompre la relation.

Virgile a eu raison en partie en disant: "L'amour triomphe de tout; nous aussi cédons à l'amour". Ils ont passé ce cap mais, ne sont pas de tout repos. La mère de Diery n'aimait pas la fille. Et Diery par amour et gratitude ne pouvait pas oser avoir une relation avec une fille que sa mère n'aimait pas. Malgré les nombreux efforts déployés par Chelle afin de se faire accepter par sa belle mère, celle-ci ne bronchait pas. Fin de l'aventure.


Je ne bande plus n'est pas une histoire à la Marquis de Sade. Ce qui peut être déroutant pour ceux qui l'ont pris au premier degré. Elle est plûtot le récit, écrit dans une langue facile et propre, d'une relation brisée non par manque d'amour au sein du couple mais pour ne pas déplaire à la mère du garçon. Le titre, c'est important de le signaler, n'est pas juste une étiquette alléchante visant à faire marcher les consommateurs, il traduit l'état du coeur du narrateur qui n'est pas prêt à aimer une autre fille, qui n'est pas prêt à s'engager avec autant de passion dans une relation.

Je ne bande plus, un roman montrant avec exactitude que l'amour seul ne suffit pas à maintenir une relation durable.