Ayiti mon Île chérie
Mon amour ma vie
Il fut un temps où la candeur
Courait à perdre haleine
Dans tes rues calmes et colorées
Le temps se figeait
Contemplatif devant la gaité
De tes enfants heureux insouciants
Riant de tout vivant surtout
Main dans la main
La vie se nichait
Dans leurs cœurs
Se vautrait sur leurs couches
A portée de mains
Le bonheur se tenait
Les radios éduquaient
Les télés enseignaient
Le vivre-ensemble
Bien avant le consumérisme
Tout-puissant
Et la sainte globalisation
De ces bonshommes
Abhorrant l’humain
Les maîtres du monde
Nous firent don de leur pomme
Leur fameuse civilisation
Avec son goût effréné du luxe
De la luxure
De son je m’enfoutisme de la vie
Et tout s’écroula
Le Paradis se changea
Et mon île adorée devint un enfer
Et depuis
On s’entretue pour quelques sous
Sous les regards pitoyables
Des passants terrifiés
Et des autorités dans leur dénuement
Se détournant pleinement
De leurs responsabilités
Chaque jour amène
Son lot de peine
D’enlèvements planifiés
En haut lieu
Par les instances dites concernées
Par l’envie de se pérenniser
Au pouvoir sans pouvoir
Aider aucunement leurs concitoyens
Prostrés aux abois
État putréfié
État permanent d’ébriété politique
De lilliputiens souffrant de gigantisme
Mon île jadis bénie
Boira jusqu’à la lie
Le calice de l’illettrisme
Et de l’infantilisme tactique
Des élites profondément ancrées
Dans les bas-fonds
De la corruption
Chaque jour des pères de famille
Des jeunes filles
Des hommes d’église
Tombent comme des mouches
Sous les coups d’armes
Tirés à bout portant
Par des sans foi ni loi
Bourreaux et victimes
Innocemment bêtes
Si fiers de leurs crimes
Se souciant peu de leur avenir
Brillant tel un coucher de soleil
Se mirant sur une mer agitée
Les Ayisyen poursuivent
Inlassablement leur descente
Aux enfers
Oh enfer as-tu une fin
Les avions déversent leurs flots
Faméliques de passagers
Repartent bondés
De gens piaffant
Comme des enfants
Heureux d’abandonner
Le radeau de la méduse
Leur supposé chez soi
Pour un ailleurs
Ne menant nulle part
Les conduisant toujours
Un peu plus loin d’eux-mêmes
Ici les rêves partent en courant
Fuyant toutes voiles dehors
Regardant droit devant
Espérant atteindre les rivages
Du monde où tout semble possible
Ayiti pestiférée
Ayiti mal incurable
Du n’importe ou sauf Ayiti
Ayiti synonyme d’ailleurs
Ayiti sans issue
Ayiti piégée
Ayiti prise à son propre piège
Ayiti n’est plus un pays
Ayiti où es-tu
Ayiti moribonde
Ayiti cimetière ambulant
Ayiti réveille toi ou crève
Ayiti je mourrai encore et encore
Dans tes bras
Au lieu de mourir loin de toi
Je reste

Franck S. Vanéus 45
Avocat et Philosophe...
2 Commentaires
Youvens
April 15, 2021 - 11:28:17 PMSi seulement on pouvait revenir en arrière
Myname
April 15, 2021 - 11:35:58 PMRester est un choix difficile mais il le faut.