Alerte! On assassine à Mariani

Alerte! On assassine à MarianiCP: Tripfoumi Enfo

Est mort un homme qui ne voulait pas que sa fillette meurt de faim. Il n’en pouvait plus, après quinze jours, cloitré chez lui assister, impuissant aux pleurs de son enfant. L’infortunée en avait marre de continuer à ce triste jeu consistant à avaler de l’eau courante en mettant un grain de sel sous sa langue. Ce soir, il ne rentrera pas chez lui, et ne pourra plus apporter enfin un peu de pain à sa fille. Il est maintenant étendu de tout son long, inerte, à même le sol, calciné. Il a crevé tel un chien sans maître. Ce soir servira-t-il de souper aux bêtes sauvages qui ne sont plus en manque depuis environ un mois. Il s’appelait Gérard, Casimir ou encore ti Jean. Il faut se rendre à l’évidence, un illustre inconnu de plus, vient grossir le nombre des fils du peuple assassinés dans la plus grande indifférence. Les réseaux sociaux et autres medias alternatifs n’en souffleront pas un seul mot. La guerre sans merci contre les invisibles et les laissés-pour-comptes s’achèvera-t-il un jour dans ce pays oublié dans la mer des Caraïbes?

Une femme a succombé, à l’arrière d’une camionnette, au moment de l’assaut donné par le char de la police contre les bandits. Elle était institutrice, dit-on. Après deux longues semaines chez une collègue à Carrefour, elle espérait se rendre à Gressier au chevet de son fils victime d’une crise d’asthme. Dorénavant, le fils devra se débrouiller tout seul. Qu’importe son nom, Jeannette ou Johanna, une seule certitude, elle ne pourra plus presser la tête de son fils sur son cœur. Fini aussi, les cours de civisme et d’histoire à ses élèves.

Est morte, une fois de plus, une fois de trop, sans tambour ni trompette une mère de famille et qu’importe les fondements de ce jeu macabre de qui tuera le plus, ce ne sont que des êtres humains qui se font impunément massacrer.

S’il y’a un camp qui parle d’opération policière afin de déloger les assaillants, mais dans l’autre camp il est surtout question d’affrontements entre deux bandes rivales pour une question de territoire. Ces assauts répétés sont commandités par un certain grand commerçant.

Q’importe, sont mort, un homme, un père, et une femme, une mère. Ils demandaient rien d’autre qu’un peu de compassion, d’indulgence pour regagner leur domicile et savourer un peu de douceur avec leurs proches. En un mot ils voulaient vivre comme tout un chacun.

Je ne parlerai pas de ce jeune homme assassiné parce qu’il n’avait pas encore l’âge d’avoir un carte d’identité, ni de ce chauffeur de motocyclette qu’ils ont brulé vif parce qu’il ressemblait à l’un des bandits, selon les propos des (pseudos) justicier, ni de cette jeune fille tabassée juste parce qu’il ne voulait pas donner le mot de passe de son portable à l’un des chefs de brigade, qui est un policier. On en restera à cet homme qui ne verra plus le sourire de sa fille et cette institutrice qui ne verra plus son petit garçon lui tenir la main quand ce dernier aura une nouvelle crise d’asthme ou que la peur tentera de l’envelopper de son manteau.



Karl Peter Laurince BERNADIN

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La Rédaction 238

Kafounews

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3 Commentaires

  • Damas

    December 22, 2023 - 01:25:28 AM

    Travail hors pair!

  • Neldjino

    December 22, 2023 - 07:45:45 PM

    S'il fallait dire un mot, j'emprunterai à voix haute les vôtres. Fier de toi frangin!

  • Josué

    December 23, 2023 - 03:13:07 PM

    Bon travail