Opinion-/ L'enfer nous envie !

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Lorsqu'on passe sur la route du bicentenaire, on a l'impression d'être dans l'un des corridors les plus chauds de l'enfer. Avec un imaginaire fertile,  on peut même supposer qu'on traverse une zone radioactive. On est peut-être à Tchernobyl ou Fukushima. Ceci dit, le vent qui y souffle est symptomatique d'un condensé de boues qui combinent déchets de corps humains et autres types de déchets de toutes sortes. Qu'est ce qui empêche donc à cette atmosphère d'être radioactive ??

On fait vite. Les voitures se bousculent. La route est vidée de toute présence humaine, sinon certaines présences déshumanisées qui servent de buffet aux cochons dans un restaurant en plein air. C'est ce que nous avons fait de l'un de nos symboles infrastucturels qui devrait être d'une pondération exceptionelle dans la conscience collective.

Et la position, les déclarations de certains responsables de l'État ne sont pas moins malodorantes que cette pile de boues longtemps en fermentation sur le bicentenaire. Rien ne différencie aussi ce cochon qui labourait ce corps humain sans vie devant les locaux du théâtre national de ce président du sénat qui annonce, avec sa voix rauque, muni d'un égo gonflé d'inhumanité, la possiblité de délocaliser certains bureaux du Sénat pour les mettre dans un hôtel à Pétion-ville, histoire de fuir l'insécurité.

Ô diable ! Qu'est ce qui empêche à un chien d'être plus humain qu'un humain lui-même? Aucun chien n'aurait abandonné un humain dans une situation difficile. Encore moins, si ce chien est nourri par l'argent de ces humains.

L'heure n'est pas à la description. On ne décrit pas, on ne qualifie pas, on ne quantifie pas les affres ténébreuses d'un espace asymptote à l'enfer. C'est indicible. Au-delà du pire, l'inquiétude qui devrait titiller notre attention, c'est l'effritement d'une ontologie qui motorise et  valorise des valeurs humaines et institutionnelles.

Ces huit dernières années, nous nous sommes versés dans une ambiance labyrinthique qui broie toute figure institutionnelle sacrée. La présidence devient un pâturage; le parlement un vaste poulailler superposé sur la tête de la population dont les poules chient à longueur de journée sur chaque citoyen.

La politique politicienne enlève le caractère noble que devrait avoir la politique, consistant à fixer et atteindre le point focal du bien-être collectif et du vivre-ensemble. Notre gamme de dirigeants nullissimes ne peuvent tout de même nous offrir le paradis. Mais aussi cruel que peut être décrit l'enfer de la mythologie chrétienne, c'est sûr que la situation d'Haïti dépasse son entendement. Il est même possible que l'enfer envie Haïti d'être plus invivable que lui.

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J Kendy Clermont 9

Sociologue

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