Et la vie n’a plus aucun sens

Et la vie n’a plus aucun sens

En Ayiti, les violences policières à l’encontre de modestes citoyens revendiquant leurs droits contre un régime autoritaire, ne manquent pas de nous renseigner sur le niveau d’aliénation en cours dans le pays. On tue pour plaire au chef. On tue aussi pour se donner de l’importance. Les réseaux sociaux, réseaux de l’indigence, de l’ignorance et de la bêtise, exercent un attrait sans bornes sur les simples d’esprit.




J’ai grandi dans un monde, à une époque où les gens répétaient à tue tête: « rien ne vaut une vie ». En ce temps-là, l’humain déambulait, heureux, dans les rues, un peu partout. L’existence valait la peine d’être vécue parce que le regard étincelant de l’autre servait de miroir, permettait de se mieux voir. Humanité et dignité cheminaient main dans la main. Ce temps est révolu. Les intérêts mesquins ont vite fait de reléguer en arrière plan dignité et humanité.

En effet, notre époque s’accommode de plus en plus des abus et injustices. Partout à travers la planète, des enfants, des femmes, des personnes âgées meurent d’inanition, de froid, dans un misérabilisme inhumain et surtout dans l’indifférence la plus totale. Au nom du pouvoir politique, ou de la race, les atrocités les plus viles sont commises en plein jour. Et chacun poursuit allègrement son chemin. Insouciant.

Lorsque les forces de l’ordre usent de la violence démesurée, agressant, mettant en péril la vie des citoyens sans que ces derniers soient, d’une quelconque manière, une menace pour autrui ou pour quiconque, nos sociétés se jettent, têtes baissées, dans les profondeurs abyssales de l’ignominie et sont à deux doigts de l’implosion.

Les Travon Martin, Georges Floyd, Armada Traoré et autres Gregory Saint-Hilaire constituent des exemples vivant du mal-être global. Les êtres humains se transmuent en gigantesques machines à consommer et à produire de petites richesses qui les rendent sans cesse et chaque jour, plus petits. Que de grands sacrifices pour des riens! Il est de ce monde où les choses les plus viles attisent les soifs impossibles à assouvir.

En Ayiti, les violences policières à l’encontre de modestes citoyens revendiquant leurs droits contre un régime autoritaire, ne manquent pas de nous renseigner sur le niveau d’aliénation en cours dans le pays. On tue pour plaire au chef. On tue aussi pour se donner de l’importance. Les réseaux sociaux, réseaux de l’indigence, de l’ignorance et de la bêtise, exercent un attrait sans bornes sur les simples d’esprit.

La mort tragique du jeune Péguy Siméon des suites d’une bastonnade inqualifiable, attentatoire à sa vie, par des brutes en armes, sous l’œil passif, apeuré de nombreux badauds, ne dit pas tout sur la déshumanisation croissante de la société. La parade visant à mettre en prison ces bandits en uniformes, jouissant de prérogatives légales, donc d’une impunité certaine, ne fera pas long feu. C’est une démarche mort-née. Les centres carcéraux, les maisons de détention sont, très souvent, l’objet d’assauts, en plein jour, des voyous opérant en bande, libérant de nombreux détenus. Et après? Silence. Oubli total. Et la vie continue. Ainsi, la possibilité de la fuite, imminente, de ces malfrats indignes de la police nationale, paraît plus que plausible. Ayiti est l’un des pays ou le crime paie… et fort bien !

Entre-temps, d’autres jeunes, dans la force de l’âge, continueront de tomber sous les coups et les balles de bandits bénéficiant de la veulerie d’autorités de jure et de facto beaucoup plus soucieux de leur avenir politique que du bien-être des citoyens. Bonjour l’intérêt général !

Les jours et les années se suivent mais ne se ressemblent pas. Dans cette Ayiti soumise aux caprices d’un seul homme, la vie d’un être humain ne vaut plus rien. Péguy Siméon, repose en paix ! Tu te débattais pour vivre, ils t’ont assassiné, sans pour autant tuer ton rêve d’une vie meilleure pour toi et pour tous les jeunes haïtiens. La lutte pour le respect de la personne humaine continue.


Crédit Image: Fouch'art

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Franck S. Vanéus 43

Avocat et Philosophe...

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