Port-au-Prince, au carrefour d'une dernière libera?

Port-au-Prince, au carrefour dCP: Saphira Orcel

Des cris. Une dernière messe ? En tout cas, ça transperce. Éclatent des rumeurs sur la ville qui joue des pattes. La dernière promesse d'un mourant à sa postérité, ça en a l'air. C'est comme si Port-au-Prince lançait, de façon déséspérée, sa dernière pierre contre ses bourreaux avant de succomber à ses blessures. C'est comme si la ville, allongée sur un lit d'hôpital, nous débalait sa dernière volonté. Visible est la tragédie humaine, paraphée par la violence. Écœurant !

On aura beau raconter aux enfants, ceux sur qui l'avenir est joué, que cette ville, par le passé, savait ouvrir ses bras à celleux arrivant des villes-sœurs. On aura beau convaincre cette jeunesse, qui se cherche encore, que, cent fois, elle est cette main à laquelle s'accroche le pays pour ne pas sombrer dans le chaos et que, par conséquent, elle ne doit pas baisser les bras dans ses combats.

Défilent brusquement, dans ma mémoire, les procès verbaux de ce pays dressés par certains poètes et artistes que j'ai logés précieusement dans un coin de ma tête. Le poème de Jessica Nazaire, impuissance, la ville ne peut oser le nier, parce que portant en lui la crudité du vrai. La jeune poétèsse a su donc promener sa plume à travers cette ville, qui se gave de la chair humaine.

Ce ne sont ni Roosevelt Saillant ni Moonligth Benjamin, ni Toto Bissainthe avec sa chanson "Dèy" qui diront le contraire, car, à l'heure qu'il est, on ne fait pas que pisser aux pieds de Madan Kolo. Et le fanfare, dirigé par la violence, seule maestro, est encore là. Il patrouille dans la ville, ces derniers jours, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. La capitale, qu'on se le dise, est en mal de cœur content.

"Quand tu rêves à chez toi, n'entends-tu plus ces voix, ami, qui criaient dans la nuit en fuyant les soldats ? Les rumeurs de bataille, les accords de mitraille ? Les violons de la peur qui font grincer le cœur ? Les cagoules dans la nuit accompagnées de cris, De familles séparées de leurs fils bien-aimés" nous chantait Manno Charlemagne dans Le Mal du pays ( 1984).

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Wesker SYLVAIN 1

Je suis Wesker Sylvain, passionné de lecture, d'écriture et d'art. J'aime tout ce qui fait dimanche en moi, ce pourquoi j'ai choisi le journalisme et la sociologie comme compagnons de route. Ainsi, je souhaite pouvoir apporter ma pierre dans la construction de l'édifice humain.

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