Du 14 au 21 Septembre 2025, la 24è édition de l'Université de la Jeunesse et du Développement (UYD) s'est déroulée en Espagne, autour du thème: "Autonomisation des jeunes pour la sécurité numérique". Nous avons rencontré le représentant d'Haïti à ce grand événement: Jhon Wesley Désir. Diplômé en gouvernance locale, M. Désir est à la fois responsable de communication et de technologie, et coordinateur communal (Carrefour) de Koze Jèn Yo. Interview.

Kafounews: Qui est Jhon Wesley Désir?

Jhon Wesley Désir: Né à Carrefour en novembre 2001, John Wesley DÉSIR vient d’une famille de quatre enfants dont il est le deuxième. Son enfance a été très différente de celle de beaucoup d’autres : toujours enfermé dans sa maison avec sa grande sœur à l’époque, ils ne sortaient que pour aller à l’école ou à l’église. Excellent élève depuis sa première année jusqu’à la classe terminale, il a poursuivi avec la même rigueur dans ses études supérieures.

Il est technicien diplômé en Gouvernance Locale, certifié en communication, en leadership et dans plusieurs autres domaines. Il a occupé la fonction de responsable des ressources humaines à IZI CONNECT Carrefour, une grande communauté de jeunes du pays. Actuellement, il est directeur de l’information à 1.8 Magazine, directeur de la communication et de la technologie au niveau général, et coordonnateur communal à Carrefour pour KOZE JÈN YO.

KFN: Vous venez de représenter Haïti et KOZE JÈN YO à la 24e Université de la Jeunesse et du Développement (UYD). Parlez-nous de l’expérience, des apprentissages, des faits marquants.

JWD: Ce fut une très belle expérience. Les séances étaient animées par des experts dans leurs domaines. Il y a eu beaucoup d’échanges d’idées, de réseautage et d’interactions interculturelles. Ces moments m’ont permis de confronter mes idées avec d’autres réalités, mais aussi de comprendre que, malgré nos contextes différents, nous partageons les mêmes défis et les mêmes espoirs pour l’avenir.

Les faits les plus marquants pour moi ont été d’animer un atelier pour une quinzaine de participants sur la thématique qui nous tient à cœur à KOZE JÈN YO : « Citoyens mais pas éligibles : l’absurde paradoxe dans une démocratie à deux vitesses ». Les jeunes ont beaucoup aimé ce débat. L’autre moment fort fut quand j’ai pris la parole au nom de la jeunesse haïtienne et présenté, à travers le site Haïti Wonderland, quelques beautés et richesses de notre pays.

KFN: Le pays connaît des heures cauchemardesques depuis des années. Cette formation vous aidera-t-elle à mieux vous impliquer dans la lutte pour redresser la barque ?

JWD: Certainement ! C’est ça l’idée : « pran lakay yo pou pote lakay pa m ». Nous poursuivons la lutte contre toutes les formes de désinformation et nous faisons tout ce qui est possible pour, à travers nos médias, partager uniquement des informations fiables tout en dénonçant les fausses nouvelles que certains autres médias propagent.

KFN: Vous êtes également le numéro 1 de KOZE JÈN YO à Carrefour depuis quelques mois. Quel est le bilan ? Quelles sont les perspectives ?

JWD: KOZE JÈN YO à Carrefour travaille actuellement sur un grand projet visant à mobiliser les jeunes, les jeunes leaders et les associations dans les différentes sections communales de la commune. C’est un projet énorme qui demandera du temps, mais nous arriverons. Le lancement officiel est prévu pour bientôt !

KFN: Un message aux milliers de jeunes qui peinent à croire que le pays peut changer...

JWD: En tant qu’activiste social et politique, et comme représentant d’Haïti à l’Université de la Jeunesse et du Développement en Espagne, je voudrais dire à chaque jeune qui doute encore que le changement n’est pas une illusion, il est un chemin que nous construisons pas à pas. Nos réalités sont dures, nos blessures profondes, mais l’histoire nous prouve que rien n’est figé.

À l’UYD, j’ai échangé avec des jeunes venant de pays qui traversent des contextes aussi difficiles, parfois même plus que le nôtre, comme la Palestine, le Niger, le Liberia… Malgré les défis, eux gardent confiance, car les situations finissent toujours par évoluer. Alors, ce n’est pas maintenant que les choses vont se figer. À nous de nous impliquer, de faire entendre nos revendications avec intelligence et courage : et tôt ou tard, nous gagnerons.