Pacorme Emmanuel: le Salon du Livre de Port-au-Prince reste un refuge...

Pacorme Emmanuel: le Salon du Livre de Port-au-Prince reste un refuge...CP: Entretien 2000

Aujourd'hui Gabynho donne la parole à Pacorme Emmanuel. Opérateur culturel, slameur, initiateur du Salon du Livre de Port-au-Prince, Parcorme est un passionné de littérature. Il est question du Salon du livre de Port-au-Prince, les hauts, les bas, les faits marquants et la troisième édition qui arrive à grand pas.

Gabynho: Pacorme, Vous êtes étudiant en Communication sociale à la Fasch-UEH. Que pouvons nous savoir de plus sur vous?

Pacorme Emmanuel: Effectivement, je suis en train de réaliser une licence en communication sociale à la faculté des sciences humaines. Sur le plan professionel,j’ai été aussi de 2021-2022 le directeur de la bibliothèque Rodolphe Marthurin. On me connait en même temps, comme étant slameur,opérateur culturel et initiateur du Salon du livre de Port-au-Prince. En ce moment, je publie également quelques billets sur la littérature dans le journal du Nouvelliste.

Sinon, je suis un amateur de l'art en général. Je me retrouve à la fois dans la littérature, le cinéma, la musique, j'essaye aussi de foncer ce grand mur qui nous tient lieu de distance avec la peinture. Je m'attache beaucoup à la vie, aux choses simples. Puisque je suis toujours dans le sens, vous saurez également que je suis sans même le vouloir toujours dans la quête. Mais c'est peut-être un élément incontournable dans l’aventure humaine. On est toujours à la recherche de quelque chose pour s'accrocher et la plupart du temps ce quelque chose n'a ni un nom, ni un visage. Ainsi, toute vie devient recherche.

Pacorme Emmanuel: le Salon du Livre de Port-au-Prince reste un refuge...

G: Dans un pays miné par la corruption, l'instabilité politique et l'insécurité. Dans un pays où il y a actuellement plus de 1.5 M. de PDI, où le taux l'inflation atteint plus de 31%, quel est le sens d'une telle initiative: le Salon du Livre de Port-au-Pronce

PE: Le sens est toujours ailleurs, nous dit Comte-Sponville. Je ne crois pas que le Salon du livre de Port-au-Prince a un sens , c'est-à-dire quelque chose qu'il veut dire d'une manière objective et universelle de part lui-même. Je pense de préférence tout comme nous au sein de l'equipe, chacun invente un prétexte, une signification pour lui en donner. Nous sommes depuis quelques années en Haïti dans l'intraduisible, c'est-à-dire on est en train de connaître une réalité globale que l'on ne peut nommer ce qui m'invite à penser qu’hormis des objectifs du comité à chaque édition, on pourrait supposer que pour les visiteurs, le Salon reste un refuge, un moyen pour eux de créer un monde dans celui-là qu'on leur impose.

Pacorme Emmanuel: le Salon du Livre de Port-au-Prince reste un refuge...Auteur en signature

G: Vous avez déjà réalisé deux éditions. Quel est bilan? Les faits marquants? Les hauts et les bas?

PE: Statistiquement, on a acceuilli des centaines de visiteurs à chaque édition. Beaucoup d'exemplaires ont été vendus. On a reçu des écrivains comme Marc Exavier et Inema Jeudi. Ce qui m'a particulièrement marqué pendant la deuxième édition, c'est surtout comment dans un contexte sécuritaire pareil, les gens ont malgré tout fait le deplacement en grand nombre: il y a eu des étudiants, des ecoliers, des enfants qui sont venus en compagnie de leurs parents, des personnes agées. J'ai été enormément surpris, car le centre-ville quelques jours avant l'activité était presqu'impraticable, on avait même nourri l'idée de repousser la date à un moment donné.

Le bas, d'une part , il y a l'insécurité qui reste ce qui nous détruit, ce qui nous mange de plus en plus et les problèmes liés au financement comme vous pourrez aussi le supposer.
Le haut, d'autre part, on garde le coup avec un public fier, fort et fidèle qui s'agrandit à chaque edition.

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G: C'est un secret de polichinelle que les activités autour du livre sont traités en parent pauvre par l'État haïtien. En plus, le mécénat haïtien est moribon. Par dessus tout le Salon du Livre de Port-au-Prince respire encore. Comment le salon arrive-t-il à survivre dans un contexte pareil. Qui finance le festival?

Pendant les deux premières éditions, sur le plan financier, il faut dire qu'on a vécu l'enfer. Et ceci sans la moindre metaphore. Aucun signe ni de l'Etat haïtien, ni du coté du secteur privé. On a dû compter sur nous au sein du staff pour assurer le minimum. C'était un véritable calvaire, car il fallait garder le standard. Un Salon du livre est un Salon du livre, c'est-à-dire que celà exige tout un arsenal de logistiques.

Pour cette troisième édition, on a pour l'instant un partenariat avec la direction nationale du livre et un autre avec la Team chapo pay. On attend encore. On espère vraiment que celà s'ameliore pour le bien de la culture.

Pacorme Emmanuel: le Salon du Livre de Port-au-Prince reste un refuge...

G: À quoi les participants doivent-ils s'attendre cette année? Quel est le thème, l'invité d'honneur, les auteurs en signature?

PE: D'abord, le Salon du livre de Port-au-Prince se tiendra cette année à La Réserve sur le thème de “ Prendre le temps de vivre et de rêver ”. A travers ce thème, on invite le public à explorer l'espace du Salon comme étant un lieu de détente, un moment pour se retrouver,pour être en paix en discutant, sans trop se mêler dans un trop de systèmes, de la littérature, de l'art, en s'achetant des livres, car celà a toujours été un plaisir qu'on se fait . S'acheter des livres est également un acte de liberté.

On n'utilise pas l'expression d'invité d'honneur pour le Salon du Livre de Port-au-Prince. Toutefois, des auteurs comme Yanick Lahens et Gary Victor seront avec nous pour cette édition.

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Blondy Wolf Leblanc (Gabynho) 121

Mémorand en psychologie à la Faculté des Sciences Humaines de l'Université d'État d'Haïti (FASCH-UEH), Gabynho est un acteur culturel très influent à Carrefour où il initie et coordonne "Festival Liv Kafou", "Semèn Jèn Ekriven Kafou" et "Week-end Poétique".

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