Ricot Marc Sony: Cinq livres à lire cet été

Ricot Marc Sony: Cinq livres à lire cet été

Ricot Marc Sony est né aux Gonaïves. Grand passionné des livres et de la lecture, il est bibliothécaire et journaliste culturel au quotidien « Le Nouvelliste ». En vue de profiter au maximum cette vacance, il nous propose les cinq livres suivants.

La littérature n'est pas une thérapie. Je n'ai pas de position utilitariste du roman mais je crois que le roman a des potentialités : il possède une intelligibilité propre, il peut rendre lisible des zones de confusion. Il permet, surtout, de formuler des questions. Le roman me sert à interroger le monde qui m'entoure. À hurler sans faire de bruit. Voyager dans l’imaginaire des écrivains et rencontrer l’autre. Je ne sais pas à quoi sert la littérature mais, en tant que lecteur, je cherche dans le roman la beauté, le plaisir, c'est-à-dire ce qui fait paysage en moi, ce que je peux garder une fois que le livre est refermé. Ainsi, les livres qui comptent pour moi sont ceux auxquels je continue de penser, longtemps après les avoir lus.


Ricot Marc Sony: Cinq livres à lire cet été

Les cinq livres

Durant cet été je mets d'emblée sur ma table de lecture « Les villages de Dieu » (Mémoire d’encrier, 2021), de la grande romancière Emmelie Prophète. Un livre que j’ai lu mais que je ne cesserai jamais de lire.

Je prends aussi « Tours et détours de la vilaine fille » de Mario Vargas Llossa. Lire « Tours et détours de la vilaine fille », c’est renouer avec la fable, l’aventure, l’exil, l’érudition. Bref, c’est renouer avec le plaisir esthétique. L’écriture y est fluide, gourmande, une véritable invite. Et s’il semble impossible de résumer ce roman si dense, qu’on se dise d’abord qu'il est le destin d’un homme, Ricardo. Le début du roman se déroule dans le quartier huppé de Miraflores à Lima : Ricardo, jeune adolescent est follement amoureux de Lily. Sans la présence de cette jeune femme, la vie est devenue une vallée de larmes et de souffrances pour Ricardo. La petite Chilienne à l'allure tapageuse et délurée exerce une irrépressible fascination sur tous les adolescents du quartier. Pourtant elle garde ses distances, n'a pas d'amant et n'invite jamais personne chez elle. Jusqu'à ce que l'on découvre qu'en réalité son origine chilienne était une pure invention pour dissimuler son statut social.

Le temps a passé et Ricardo a réalisé son rêve : il vit à Paris et travaille comme traducteur pour l’Unesco. Par l'intermédiaire de Paul, représentant du mouvement politique MIR à Paris, il retrouve fortuitement la petite Chilienne. Il ne l'a pas oubliée et son amour s'éveille à nouveau. La petite Chilienne était inscrite dans le mouvement MIR pour une formation à Cuba. Cela ne l’intéressait pas vraiment, elle voulait justement quitter son pays. Celle qui va devenir la vilaine fille ne se laisse pas apprivoiser, elle poursuit son rêve de richesse et d'ascension sociale. Revenue à Paris, elle est mariée à M. Arnoux, diplomate de renommée; divorcée, elle se lie à Richardson, un grand homme d’affaires de Londres. À chaque ville elle se fiancie à un homme, ensuite pour rejoindre Ricardo dès qu’elle a un problème.

Ce roman me fait comprendre l’importance de la tolérance quand il y a vraiment de l’amour. L'auteur nous a fait découvrir aussi un pan de l'histoire du Pérou en toile de fond.

Je conseille aussi « Le bruit et la fureur » de Wiliam Faulkner dont je ne me lasserai jamais. Un roman en quatre parties, en quatre voix, en quatre journées. L'histoire d'une fratrie éclatée où tout s’emmêle. Un puzzle sublime.

En serrant un peu, je prendrai aussi « Les raisins de la colère » de Steinbeck », un roman sur la crise de 1929 aux États-Unis. Ce livre m’a fait comprendre de fond en comble le capitalisme et le communisme, le rapport entre le dominant et le dominé.

Ensuite, j’ajouterai sur la table, « La vie, mode d’emploi » de Georges Pérec, parce que c’est un livre sans fin, qui se démultiplie. Sa lecture ne prend pas beaucoup de temps. Il y a une idée centrale qui m’est chère : la disparition.

Pour finir, je vous conseille « L’aveuglement » de José Saramago. Le prix Nobel a écrit ce livre avec un rare talent. Il joue sans cesse avec les mots, les phrases, et la ponctuation. Un homme, au volant de sa voiture, attend un feu vert. Le feu passe, il ne démarre pas. C’est le début d’une épidémie de cécité. Les gens deviennent subitement aveugles, sauf la femme du médecin qui a ausculté le premier aveugle. Ce petit bijou montre cruellement les faiblesses de l’humanité en cas de crise sanitaire.

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La Rédaction 243

Kafounews

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1 Commentaires

  • Djunpsly VAL

    June 25, 2021 - 02:27:06 AM

    Merci frangin pour cette excellente prescription.