L’homme libre est celui qui ne pense à rien d’autre qu’à vivre pleinement chaque instant de sa vie sans tenir compte des contingences, sans chercher à priver l’autre d’un bout de l’existence. Il y chemine sans peur ni préjugé. À contrario, l’esclave voit en l’autre un ennemi dont il faut se débarrasser pour pouvoir s’affirmer. Dans ce cadre, la vie est un combat de tous les instants qu’il faut gagner à tout prix. Dans cet enfer que devient la vie, vivre paraît quasiment impossible. Et si tous ces tracas n’étaient que le fruit de l’imagination d’un dieu fou? Et s’il existait un ailleurs ou tout était possible?

J’ai fait un rêve un jour. J’ai rêvé d’autres mondes où même avec les poches et le ventre vides, il m’arrivait d’être heureux. Heureux de connaître d’autres contrées, de découvrir d’autres gens et de vivre d’autres existences. Dans ces mondes où j’étais, le Petit Prince, Hilarion Hilarius, Manuel, Jean Valjean, le père Goriot ... le monde était magique. Le soir je dormais d’un sommeil profond, avec pour seul souci le bonheur de me réveiller le plus tôt possible pour poursuivre mon rêve là où je l’avais laissé. Nul doute que je riais, dansais, trépignais de joie et tremblais aussi, parfois. Mais à la fin, le bonheur des Edmond Dantès était le mien propre.

Malgré les années, ce bonheur-là, j’ai su le garder intact.

Chers amis, ce paradis n’est pas perdu. Il est à portée de tous. Chacun peut voyager et faire le tour du monde les poches trouées comme un panier et le ventre vide. J’ai découvert l’opéra grâce au Château des Carpates; De même que j’ai pu visiter les profondeurs abyssales de l’Océan grâce au Capitaine Nemo et son Nautilus dans Vingt mille lieux sous les mers.

Vous l’avez donc bien compris, le trésor incommensurable que je pille sans cesse sans jamais pouvoir concrètement l’entamer est bien la lecture. Lire, c’est s’ouvrir sur des mondes féériques. Les personnages de « Saint » Jacques Stephen Alexis, de Jacques Roumain, de Jules Verne, de Saint-Exupéry, de Balzac, de Victor Hugo… peuplent ma vie et vivent en moi comme des amis de toujours et des frères avec qui j’ai grandi et avec lesquels je partage tout. Avec un bon bouquin en main, je ne manque de rien.

La lecture forme les jeunes, bannit les frontières et détruit les préjugés. L’humanité est unique. Par la lecture, il est possible de découvrir qu’il n’existe pas d’humanités superposées. Par la lecture, on s’affranchit de tout. L’existence appartient à tous. Il suffit de le vouloir pour entrer dans le rêve. Peu importe les rigueurs de la vie.

Il y a bien longtemps, j’ai découvert que le rêve était plus beau et plus attrayant que la réalité. Je vous invite à rêver comme moi pour ré-approprier notre humanité.



Franck S. Vanéus, av.
10-12-2020