La Journée mondiale du livre et du droit d’auteur en contexte de crise en Haïti

La Journée mondiale du livre et du droit d’auteur en contexte de crise en Haïti

Haïti traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire. Le dysfonctionnement est devenu le dénominateur commun de la quasi-totalité des institutions, qu’elles soient publiques ou privées.

« Les livres, sous toutes leurs formes, nous permettent d’apprendre et de nous informer. Ils nous divertissent également et nous aident à comprendre le monde… », affirme Audrey Azoulay, actuelle directrice générale de l’UNESCO. Depuis 1995, le 23 avril est célébré comme la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, à la suite de son adoption par les États membres de l’UNESCO. Cet événement vise à mettre en lumière les auteurs et leurs œuvres, et à promouvoir la culture du livre à travers le monde. Depuis 2001, une ville est désignée chaque année « capitale mondiale du livre », accueillant des activités et projets destinés à faciliter la diffusion du savoir littéraire. En 2025, c’est Rio de Janeiro, au Brésil, qui porte ce flambeau, sous le thème : le changement social par les livres.

Pendant ce temps, Haïti traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire. Le dysfonctionnement est devenu le dénominateur commun de la quasi-totalité des institutions, qu’elles soient publiques ou privées. Selon une enquête menée par Le Relief Haïti, près d’une centaine d’établissements ont fermé leurs portes dans la capitale, parmi lesquels des facultés, bibliothèques et écoles professionnelles. La peur règne et tue l’espoir à petit feu ; les déplacements sont réduits au strict nécessaire, et cette situation affecte profondément la vie sociale, familiale, professionnelle… et bien sûr, la vie littéraire.

Cette journée, qui devrait nous inciter à réfléchir aux défis auxquels font face nos auteurs, à la manière de valoriser et de promouvoir leurs œuvres auprès du grand public, contraste tristement avec une réalité désolante. En effet, durant les deux dernières années, 2024 et 2025, Haïti s’est vue agenouillée par la violence des bandes armées qui sèment deuil et chaos dans tous les recoins du pays. Les pertes humaines et matérielles sont innombrables. De nombreux écrivains, professeurs, étudiants et chercheurs ont été victimes de ces groupes criminels. Les centres de recherche, les universités, les bibliothèques — lieux essentiels de production, de conservation et de diffusion des savoirs — sont régulièrement pillés, parfois même incendiés. La terreur est devenue la norme dans un pays où plus aucune limite n’existe, où les symboles du savoir ne sont plus protégés.

Dans ce contexte, l’engagement d’Haïti en tant qu’État partie à la Convention universelle sur le droit d’auteur (révisée à Paris en 1971) — dont l’article I stipule que « chaque État contractant s’engage à prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer une protection suffisante et efficace des droits des auteurs et de tous autres titulaires de ces droits sur les œuvres littéraires, scientifiques et artistiques » — peine à se concrétiser.

Ainsi, loin d’être un moment de célébration, le 23 avril en Haïti devient une journée marquée par la douleur, l’image d’un univers littéraire ravagé, relégué au second plan dans l’ordre des priorités nationales.

La Journée mondiale du livre et du droit d’auteur en contexte de crise en Haïti

Share

Estriplet Millor 13

Estriplet Millor, originaire de Thiotte, est étudiant en Communication Sociale à la Faculté des Sciences Humaines et en Patrimoine et Tourisme à l'IERAH-ISERSS. Passionné par le journalisme, je me consacre à la production de contenus pertinents et utiles.

Laisser un commentaire

0 Commentaires