Les idéaux tels, le respect de la personne humaine, le vivre-ensemble, le bien-être de la collectivité ne figurent nullement dans le vocabulaire des dirigeants actuels.
Découragé, désespéré, décapitalisé, désœuvré, je ressassais les événements ayant conduit à notre déchéance sociétale, notre chute vertigineuse vers les bas-fonds de l’immonde, notre descente dans les affres des enfers sous la houlette du régime en place, pour aboutir à un questionnement vide de sens, peut-être, pour les bien-pensants s’arc-boutant derrière leur projet référendaire mort-né, quel est le pire du pire dans les compétences utilisées par les dirigeants actuels? Y-a-t-il une pensée qui sous-tend les chimères mégalomanes per fas et nefas à se maintenir au pouvoir par la terreur? Si oui, laquelle?
Ayiti végète dans un coma politique, une forme de je m’enfichisme calculé. Dans un pays où tout se sait en temps réel -même les petites visites impromptues chez son bòkò- la volonté manifeste d’user des maigres ressources d’un état appauvri pour renverser une opinion publique s’enfermant dans un mutisme éloquent, rejetant totalement à la fois toute initiative de ce gouvernement et toute idée de conciliation avec un pouvoir sourd-muet et aveugle, relève beaucoup plus de la prestidigitation folklorique. Cela s’entend, un savoir fondé sur l’incapacité à saisir le réel dans toute sa complexité, le mensonge, l’ignorance encyclopédique, l’arrogance, l’intimidation et le refus de gouverner pour le bien de la collectivité.
D’ailleurs, ces dirigeants soutiennent, par leurs agissements, que la chose publique leur appartient in proprio. De peu, ils remettraient au goût du jour la fameuse formule du roi-soleil: l’État c’est moi. En l’occurrence, Ayiti c’est le PHTK. Et, les stripteaseuses des réseaux sociaux, du micro, de la presse parlée et écrite, grassement rémunérées par les pouvoirs publics, reprendraient en chœur, « le chef, notre génial chef », a fait une trouvaille. Le ridicule ne tue pas, dans ce pays!
Les idéaux tels, le respect de la personne humaine, le vivre-ensemble, le bien-être de la collectivité ne figurent nullement dans le vocabulaire des dirigeants actuels. La violence organisée, le racket, la gabegie administrative, l’incompétence, sont les valeurs véhiculées aujourd’hui au pays du rassembleur, Jean Jacques Dessalines Le Grand. Le premier Ayisyen doit se retourner dans sa tombe devant l’indigence et l’incurie de ses indignes héritiers. S’agissant du kidnapping, nouveau fléau de la société, les services concernés pratiquent, la plupart du temps, la politique de l’autruche et parfois interviennent même, suivant les intérêts en jeu, avec empressement.
Malgré tout, aux yeux de leurs laudateurs, les hommes au pouvoir agissent de bonne foi. Les populations affamées, les jeunes filles violées, les jeunes gens assassinés par des hommes en uniformes, les enfants kidnappés sous le regard impuissant de leurs parents, sont les seuls responsables de leur sort. Ils sont des criminels coupables de naître sur cette terre. Le gouvernement a promis le changement, le pays vit en effet une ère nouvelle. Une ère secouant les assises profondes de l’État-Nation, remettant en cause le devenir de l’homme Ayisyen. Pour les élites de ce pays, la vie d’un citoyen est aussi importante que l’an quarante. Les déçus, les révoltés, finiront six pieds sous terre. Sak pa kontan anbake. Le soutien inconditionnel du blanc, seul, importe.
Les pires bandits ne sont nullement ceux qui kidnappent, violent ou exécutent froidement les innocents pour le compte d’un régime vil, dictatorial et lâche. Non ! Ce sont les thuriféraires qui tentent, par tous les moyens, de dédouaner le vol à grande échelle, le pillage en bande des caisses de l’État, les projets bidons sans envergure, les tueries planifiées en haut lieu, en comparant les époques et les régimes passés. A la fin, ils soutiennent que ce régime est bien meilleur que tous les autres. Voilà. Le pire du pire de notre vie actuelle, c’est eux !
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