Généralement, ces massacres ont été perpétrés contre les plus vulnérables, ceux qui n’ont pas droit de cité en Haïti, les exclus de la société auxquels est réfusée la citoyenneté pleine pour reprendre le concept du professeur Jn Anil Louis-Juste .
L’histoire d’Haïti est la plus sanglante de toute l’histoire du monde caraibéen. Cela peut s’expliquer par les conditions sociales d’existence de la majorité des haïtiens d’une part et, d’autre part, les rapports de domination entretenus par les élites locales, d’anciennes puissances coloniales et de nouvelles puissances impérialistes avec Haïti. Cela peut se vérifier dans l’extermination des peuples qui habitaient l’espace haïtien avant l’arrivée des colons, dans la déportation des noirs d’Afrique vers l’Amérique et dans la guerre ayant abouti à la proclamation de l’indépendance haitienne. Jusqu’à 1804, le sang coula à flots sur le sol haïtien en raison d’intérêts économiques divergents entre ceux du terroir et des étrangers avides de gain.
Le rapport avec l’étranger a été un moment néfaste pour les habitants d’Ayiti. Et, curieusement, les rapports d’Haïti avec l’étranger continuent d’être néfastes pour ses habitants. Ces rapports sont conditionnés par la perception qu’ont l’étranger ainsi que les élites locales de la masse haïtienne. Le psychologue social américain Solomon Ash a mis en lumière le rôle des premières impressions et de la perception d’autrui dans la structuration des rapports sociaux. Compte tenu de cela, nous pouvons avancer que les premières impressions qu’ont eues les étrangers des habitants de l’île, à leur débarquement en 1492, ont structuré leurs rapports avec les indigènes dans un sens presqu’irréversible de rapports de domination entre civilisés et barbares, entre croyants et païens, entre maïtres et esclaves, entre supérieurs et subalternes. Et, depuis, ces rapports n’ont pas changé.
L’histoire nous apprend qu’Ayiti, cet espace paisible où vivaient les Anacaona, les Guacanagaric et autres Caonabo, a été rayé de la carte du monde. Ayiti, Quisqueya ou Bohio n’est pas passé à la postérité. Ayiti, Quisqueya ou Bohio a été complètement détruit pour faire place à Saint Domingue pendant des siècles puis à Haïti depuis le premier janvier 1804. Ayiti a été le théâtre d’un massacre, voire d’un génocide.
Et si ce massacre se perpétuait? En effet, depuis 1986 les massacres n’ont jamais été aussi fréquents et la liste aussi longue. On se souviendra notamment du massacre de Fort-Dimanche en avril 1986; du massacre de Jean Rabel en Juillet 1987; du massacre de la ruelle Vaillant en Novembre 1987; du massacre de Saint Jean Bosco en septembre 1988; les différents massacres du gouvernement putchiste entre septembre 1991 et octobre 1994 dont le nombre des victimes est évalué entre 10.000 et 30.000; le massacre de Carrefour-Feuilles en mai 1999; le massacre de la scierie en février 2004 ; les massacres de La Saline en novembre 2018 . Cette liste pourrait encore s’allonger.
Généralement, ces massacres ont été perpétrés contre les plus vulnérables, ceux qui n’ont pas droit de cité en Haïti, les exclus de la société auxquels est réfusée la citoyenneté pleine pour reprendre le concept du professeur Jn Anil Louis-Juste. Généralement ces massaces sont ciblés, c’est-à-dire perpétrés soit contre une localité ou contre des individus notoires. Toutefois, depuis l’avènement des bandi legal et le pouvoir phtkiste, le massacre s’est généralisé à l’ensemble de la population haitienne, hormis ceux qui sont au pouvoir et leurs proches. Pire le massacre de la population haitienne semble être inscrit dans l’agenda de la communauté internationale. En effet, nous nous rappelons que le rapport produit par le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) relate que “le renforcement du contrôle du G9 sur certaines parties de l’agglomération semble avoir eu une incidence sur les grandes tendances de la criminalité au cours de la période analysée »
Même formulée de façon vraisemblable, cette citation ne laisse aucun doute sur la perception positive du BINUH de l’alliance du G-9 an fanmi e alye et, conséquemment, des massacres perpétrés par les membres de cette alliance criminelle. Dès lors, nous devons nous demander si la société haïtienne n’est pas soumise à un génocide sournois mais certain. En considérant l’allégeance réciproque entre le gouvernement et les groupes armés, il est évident que la population haïtienne est la cible d’un massacre d’Etat avec la complicité de la communauté internationale. En considérant le siège des quartiers populaires par les groupes armés , il est évident que la population haïtienne est la cible d’un massacre d’Etat avec la complicité de la communauté internationale. En considérant le nombre de personnes enlevées, séquestrées, violées, torturées et tuées par les membres des groupes armés, il est évident que la population haïtienne est la cible d’un massacre d’Etat. Face à cela, les citoyens n’ont d’autres choix que de se révolter contre les autorités en place. Et, si nous ne nous révoltons pas tous, sachez du moins que nous serons tous massacrés pour satisfaire les intérêts des élites locales et de l’étranger.
????Notes
1. Solomon, Asch. (1952). Social psychology, New York, Prentice-Hall
2. Jean-Philippe, Belleau. (2009). Liste chronologique des massacres commis en Haïti au XXème siècle
3. Emmanuel Moïse Yves. (2019). Haïti : Dix massacres qui ont marqué ces 50 dernières années. Ayibost.com. Page consultée le 30 mars 2021
4. Louis-Juste, Jn Anil. (2003). Université et citoyenneté en Haïti. www.alterpresse.org. Page consultée le 30 mars 2021
5. Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti, rapport du secrétaire général. S/2020/944,p.5
1 Commentaires
David
March 31, 2021 - 03:45:21 PMBon bagay