L’expression Se politik k ap fèt est couramment utilisée en Ayiti par les dirigeants et militants politiques. Cette expresssion est révélatrice d’une conception politique qui suggère que tout est permis en politique et qu'il n'y a pas de position idéologique figée. Bien que cette perspective puisse sembler pragmatique à certains, elle comporte certaines faiblesses significatives qui méritent d'être examinées de plus près.
Tout d'abord, l'absence de positions idéologiques claires peut entraîner une instabilité politique dangereuse. Les dirigeants politiques et les militants qui naviguent constamment entre les différentes tendances politiques risquent de sacrifier la cohérence et la crédibilité de leurs actions. Les électeurs ne savent pas à quoi s'attendre de leurs représentants, et cela peut engendrer la méfiance envers le système politique. L'absence de valeurs et de principes fondamentaux montre également que les acteurs politiques ne sont motivés que par leurs intérêts personnels, ce qui nuit à la confiance du public et mine le champ politique.
De plus, cette expression entretient une culture de la corruption et du favoritisme en Ayiti. Si les politiciens se sentent libres de tout faire pour rester au pouvoir ou pour obtenir des avantages, cela crée un environnement propice à la corruption et à l'injustice. Dès lors, les politiques publiques ne sont plus élaborées en fonction de l'intérêt général, mais plutôt en fonction de l'influence et des intérêts particuliers. Cela nuit au développement de la société dans son ensemble car, à ce moment, les plus capables sont exclus de la gouvernance de l’État pour faire place aux plus fervents.
Cette conception politique a également des conséquences profondes sur l'engagement des jeunes dans la sphère politique en Ayiti. Les jeunes, en tant que futurs leaders et acteurs du changement, sont particulièrement vulnérables aux effets négatifs de cette conception politique.
Tout d'abord, l'instabilité politique résultant de l'absence de positions idéologiques claires peut décourager les jeunes de s'engager. Les jeunes cherchent des leaders et des partis politiques qui incarnent des valeurs et des idéaux auxquels ils peuvent adhérer. Lorsque les politiciens passent d'une idéologie à l'autre sans cohérence apparente, les jeunes peuvent devenir sceptiques quant à la possibilité de créer un changement significatif au travers de l'engagement politique. Cette méfiance peut les amener à se désintéresser de la politique et laisser le champ libre aux prédateurs politiques de tout genre.
De plus, cette culture politique où tous les coups sont permis peut dissuader les jeunes idéalistes de faire de la politique. Les jeunes qui aspirent à apporter des changements positifs et à promouvoir des idées constructives peuvent se sentir découragés lorsqu'ils sont confrontés à des pratiques politiques axées sur la manipulation et l'opportunisme. Cette réalité politique peut entraîner un exode des jeunes talents vers d'autres domaines où ils estiment que leur énergie et leurs compétences seront mieux utilisées.
En outre, l'absence de débat politique constructif peut désintéresser les jeunes de la politique. Les jeunes sont souvent motivés par des débats intellectuels et des échanges d'idées, mais lorsque la politique se résume à des querelles partisanes et à des luttes de pouvoir personnelles, ils peuvent perdre tout intérêt pour la sphère politique. Le manque de débats constructifs nuit à la capacité de la société à générer des solutions innovantes aux problèmes complexes.
Somme toute, la conception politique qui prévaut en Ayiti traduite par l’expression Se politik k ap fèt, a un impact décourageant sur l'engagement des jeunes. Pour encourager la participation des jeunes dans la sphère politique, il est essentiel de promouvoir des valeurs, des principes et des pratiques politiques plus cohérentes, éthiques et transparentes. Cela contribuerait à créer un environnement politique plus propice à l'engagement des jeunes, à la création de changements significatifs et à l’avènement de la bonne gouvernance en Ayiti.
Politik k ap fèt
Citoyen Ken 25
Sociologue, Maître en études humanitaires
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