Quand LEBLANC parle pour le blanc

Quand LEBLANC parle pour le blanc

Edgar LEBLANC Fils, coordonnateur du parti politique OPL et président du conseil de transition, a récemment affirmé, au cours de sa participation à la 47ème Conférence des chefs de gouvernements et dirigeants des États membres de la Communauté des Caraibes (CARICOM), à Grenade, du 28 au 30 juillet 2024, que la vie en Haïti avait pratiquement repris grâce aux premières opérations menées par la police haïtienne et les forces kenyanes. Cependant, cette déclaration contraste fortement avec la réalité sur le terrain, où la situation sécuritaire reste extrêmement préoccupante dans un contexte où les gangs continuent de terroriser la population. Il est impératif de se demander si cette déclaration ne reflète pas une déconnexion avec la réalité vécue par les Haïtiens.

Une sécurité illusoire

Il est certes encourageant de constater des efforts, si jamais efforts il y en a, pour restaurer l'ordre et la sécurité en Haïti. Cependant, les faits sur le terrain montrent une autre réalité. Les gangs armés, toujours actifs, contrôlent de nombreuses zones dans la région métropolitaine, rendant la vie quotidienne des citoyens extrêmement dangereuse. Les enlèvements, les extorsions, les viols, la destruction de bien publics comme les commissariats se poursuivent sans relâche, jetant une ombre sur les affirmations d'une amélioration de la situation sécuritaire, tel que le veut faire comprendre Mr. LEBLANC à ses homologues BLANCS.

En effet, les gangs armés continuent de semer la terreur dans de nombreuses zones, particulièrement dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Au cours du premier trimestre de l’année 2024 seulement, la violence liée aux gangs aurait causé la mort ou blessé 2 500 Haïtiens, dont 82 enfants. La violence a atteint des niveaux alarmants, avec plus de 578,000 personnes déplacées à l'intérieur du pays, dont une majorité de femmes et d'enfants. Suivant les données publiées par UN News , plus de 310,000 femmes et filles et 180,000 enfants sont parmi les déplacés internes en raison de la violence armée. Par ailleurs, la violence et les attaques contre les établissements scolaires ont également entraîné la fermeture de près de 900 écoles, affectant près de 200,000 enfants, perturbant l'apprentissage et exposant les enfants à des risques accrus. Les gangs contrôlent environ 80 % de la capitale, augmentant le nombre de meurtres, de viols et d'enlèvements, et créant un climat de peur omniprésent. La plupart des commissariats de police de la région métropolitaine sont controlés par les gangs.

Les conditions de vie des déplacés internes sont déplorables. Beaucoup se trouvent dans des camps de fortune ou sont hébergés par des familles d'accueil, mais ces dernières peinent à fournir un soutien adéquat. Les enfants sont particulièrement vulnérables, avec certains recrutés de force par des groupes armés et d'autres privés de leur droit à l'éducation en raison de la fermeture des écoles. En outre, les communautés d'accueil et les services sociaux sont débordés, incapables de répondre aux besoins essentiels de cette population en détresse. Face à ce constat, il semble que c’est seulement dans l’imaginaire de Mr. LEBLANC que la vie a pratiquement repris en Haiti.

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Le paradoxe des déclarations optimistes

En dépeignant une image optimiste de la situation sécuritaire à ses homologues BLANCS, Monsieur LEBLANC semble ignorer les souffrances et les peurs quotidiennes des Haïtiens. Cette attitude pose question : à qui profite cette vision édulcorée de la réalité ? En affirmant que "la vie a pratiquement repris", Monsieur LEBLANC ne parle-t-il pas pour apaiser les esprits des observateurs internationaux, plutôt que pour exprimer la réalité des citoyens ordinaires ?

En effet, malgré le show médiatique des matériels militaires donnés par le gouvernement américain (en passant personne ne sait où se trouvent ces matériels ni ce que font ces matériels) et la présence d’un contingent de policiers kenyans, la situation reste critique. La communauté internationale a exprimé ses préoccupations face à l'aggravation de la crise, soulignant l'urgence d'une action plus robuste et coordonnée pour rétablir la sécurité et fournir une aide humanitaire. Monsieur LEBLANC serait-il pris de panique face aux prétendues préoccupations du BLANC?

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Les enjeux d'une communication responsable

Il est crucial pour les dirigeants politiques de communiquer de manière responsable, en reflétant fidèlement les défis et les progrès. Une communication déconnectée de la réalité risque non seulement de décrédibiliser ceux qui la portent, mais aussi de semer la confusion parmi la population. Reconnaître les difficultés actuelles tout en valorisant les efforts en cours est une démarche plus honnête et respectueuse des citoyens. Les déclarations de LEBLANC bien que peut-être motivées par une volonté de rassurer, doivent être prises avec précaution. La réalité sécuritaire en Haïti reste complexe et préoccupante. En choisissant de mettre l'accent sur une normalisation hypothétique, il est essentiel de ne pas occulter les défis encore nombreux et les souffrances des Haïtiens. La route vers une paix et une sécurité durables est longue, et seule une communication transparente et fidèle aux faits permettra d'accompagner véritablement ce processus.

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M. LEBLANC, la vie n’a pas encore repris en Haiti

Les propos de LEBLANC semblent déconnectés de la réalité vécue par les Haïtiens. Une telle minimisation de la crise ne fait que masquer l'urgence de la situation et peut retarder les actions nécessaires pour résoudre les problèmes profonds du pays. Il est crucial de reconnaître l'ampleur des défis pour mobiliser les ressources nécessaires à une réponse adéquate. Une communication honnête et réaliste est indispensable pour construire un avenir meilleur pour Haïti. La route vers la paix et la stabilité est semée d'embûches, mais une reconnaissance sincère des réalités sur le terrain est le premier pas vers une solution durable.

Aussi, contesté-je la vision simpliste et peut-être trompeuse d'une situation sécuritaire en amélioration en Haïti telle qu’affrimée par Mr LEBLAN à ses homologues BLANCS. Non, Mr. LEBLANC, la vie n’a pas encore reprise en Haiti. Vous avez la responsabilité, en tant que président du conseil de transition, de porter une communication honnête, responsable et de tout mettre en oeuvre pour que la vie reprenne en Haiti.

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Citoyen Ken 25

Sociologue, Maître en études humanitaires

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