Un Conseil de sept têtes écervelées

Un Conseil de sept têtes écervelées

Haïti suffoque. Chaque jour qui passe, la misère s’intensifie, l’insécurité se généralise et l’anarchie s’enracine. À Port-au-Prince comme ailleurs, la population est prise au piège d’un chaos implacable. Les gangs règnent en maîtres, transformant la nation en une vaste prison à ciel ouvert. Les marchés sont pillés, les écoles éventrées, les hôpitaux vidés de médicaments, et l’État, lui, s’est évaporé. Les rues de la capitale ne sont plus que des couloirs de la mort, où le silence n’est brisé que par les rafales des armes automatiques et les hurlements des familles en deuil.

Dans cet enfer quotidien, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), censé incarner une lueur d’espoir, n’est qu’une mauvaise farce, une mascarade grotesque jouée par sept marionnettes interchangeables. Sept têtes qui se disputent les miettes du pouvoir, mais qui n’ont ni la vision, ni l’intelligence, ni le courage de faire face au cataclysme national. Haïti se meurt sous leurs yeux, et ils détournent le regard, occupés à engranger privilèges et richesses dans le peu de temps qu’ils ont à la tête de cet exécutif fantôme.

Un échec annoncé

Le CPT n’est pas une institution légitime. Il est le fruit d’une manipulation orchestrée par des puissances étrangères et une élite locale en décomposition. Washington, Paris, Ottawa, l’ONU et la CARICOM ont façonné cette entité bancale, pensant qu’un vernis institutionnel suffirait à calmer une nation en pleine descente aux enfers. Mais comment croire en une solution qui n’est qu’un écran de fumée, un simulacre de gouvernance ? Le mode de fonctionnement du CPT est une aberration, sept membres et une présidence tournante à une allure délirante. Un non-sens absolu, une parodie de leadership. Qui peut imposer l’ordre et restaurer un pays en ruine avec un pouvoir aussi éphémère ? Ce système n’est pas conçu pour bâtir, il est programmé pour permettre à chacun de se servir avant de céder la place au suivant. Pendant que ce cirque continue, Haïti s’enfonce, inexorablement.

L’agonie du peuple

Tandis que ces prétendus dirigeants s’entre-déchirent pour leurs intérêts personnels, le peuple haïtien subit une souffrance indicible. Les gangs, plus puissants que jamais, dictent leur loi avec une brutalité inouïe. Ils ne se contentent plus de contrôler des territoires, ils règnent sur la vie et la mort. Ils massacrent des familles entières, violent les femmes et les jeunes filles, brûlent des villages et exécutent publiquement ceux qui osent leur résister. L’impunité est totale, l’horreur quotidienne. Les rues de Port-au-Prince ne sont plus que des charniers à ciel ouvert. Les quartiers populaires sont devenus des champs de bataille, où les civils ne sont plus que des cibles. Les cadavres s’entassent, abandonnés sous le soleil brûlant. Des enfants meurent de faim, leurs corps fragiles s’éteignant dans l’indifférence la plus totale. Des milliers de familles fuient leurs foyers, errant sans destination, traquées comme du bétail par des criminels sans foi ni loi. Ceux qui ont perdu tout espoir s’embarquent sur des radeaux de fortune, bravant les océans, préférant la noyade à la certitude d’une mort lente et atroce dans leur propre pays.

Et face à cette apocalypse, que fait le CPT ? Rien. Ils ne gouvernent pas, ils assistent, passifs, complices, muets. Ils participent à des réunions inutiles, publient des communiqués creux et observent, depuis leurs bureaux climatisés, un peuple agoniser.

Un Conseil de sept têtes écervelées

Les architectes étrangers de l’imposture

Mais la trahison ne vient pas que de l’intérieur. Haïti est aussi abandonné par ceux qui prétendent l’aider. Les puissances étrangères, sous couvert de diplomatie et d’assistance, maintiennent un système corrompu et dysfonctionnel. Elles imposent des décisions depuis leurs ambassades fortifiées, sans jamais tenir compte des véritables besoins du peuple haïtien. Le Core Group manipule l’échiquier politique à sa convenance, légitimant un processus qui ne sert qu’à préserver les intérêts de quelques-uns, pendant que le pays s’effondre. Les bailleurs internationaux, eux, continuent de financer cette illusion, maintenant artificiellement un État fantôme. Ils distribuent leur aide avec froideur, sans jamais exiger des résultats concrets. Ils regardent Haïti brûler depuis leurs salons feutrés, analysant la situation avec détachement, tout en s’assurant que le chaos ne déborde pas au-delà des frontières de l’île.

Un navire sans capitaine

Le Conseil Présidentiel de Transition n’est pas un gouvernement. C’est un mirage, une imposture, un repaire de figures politiques sans âme et sans honneur. Ils ne dirigent rien, ils occupent des sièges. Ils ne protègent personne, ils protègent leurs privilèges. Ils ne bâtissent pas, ils pillent. Ils ne servent pas Haïti, ils se servent d’Haïti. Ce qui se passe aujourd’hui n’est pas une simple faillite de l’État. C’est une trahison, une abdication, une capitulation face au chaos. Le pays est trahi par ses élites, trahi par ses dirigeants, trahi par ceux qui prétendent le soutenir. Le peuple est laissé seul, livré à la barbarie, sans espoir, sans avenir.

Mais l’histoire nous a appris qu’un peuple acculé finit toujours par se lever. Lorsque l’heure viendra, ceux qui ont participé à cette lente exécution nationale devront en répondre. Car une nation peut être asphyxiée, affamée, piétinée, mais elle ne pardonne jamais ceux qui l’ont livrée aux ténèbres. Haïti ne mérite pas ces sept têtes écervelées. Le pays mérite des leaders dignes de son histoire.

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Citoyen Ken 26

Sociologue, Maître en études humanitaires

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2 Commentaires

  • Srom cadet

    March 18, 2025 - 10:08:41 PM

    Merci pour ces mots stimulant. Vous combattez déjà pour Hayti. Félicitations citoyen ken.

  • Srom cadet

    March 18, 2025 - 10:08:41 PM

    Merci pour ces mots stimulant. Vous combattez déjà pour Hayti. Félicitations citoyen ken.