André Fouad s’impose comme une figure marquante de la poésie. Ses deux recueils majeurs, Songes d’Encre (Prix René Depestre, mention spéciale, 2023) et La Valse des Ombres (finaliste du Prix Fedkann Maryse Condé), révèlent une écriture dense, métaphorique, portée par une tension constante entre l’intime et le collectif. Chez Fouad, la poésie devient un lieu de résistance et de reconstruction. L’ombre y prend une valeur polysémique : douleur, mémoire, mais aussi espace d’éveil et de lucidité. En visant les fractures sociales, politiques et spirituelles de la société haïtienne, il propose une parole poétique qui transcende les contingences locales pour atteindre une dimension universelle. Sèlfi lanmò gonfle blad remò, son dernier bijou qui vient de paraître à l'édition Cérébrale, fait revivre un côté singulier chez l’auteur. Sa langue, riche et fragmentée, interroge les marges du dicible. Elle révèle une quête d’identité et de vérité, où la mémoire n’est pas simple nostalgie, mais outil critique et vision prospective. Ainsi, André Fouad inscrit son œuvre dans une modernité poétique à la fois engagée et introspective, où l’écriture devient acte de lucidité face à l’histoire, et pari sur une lumière toujours à conquérir. Godson MOULITE
Le programme NUMÉCO qui vise à initier les jeunes dans les technologies de demain sera à Carrefour, le vendredi 30 Mai 2025 de 8h Am à 2h PM. Propulsé par Coding Club Haïti, cet événement se fera autour de trois thématiques durant la journée prévue: 1-Littératie numerique. 2-Intelligence artificielle. 3- Entrepreneuriat digital. Une programation chargée attende les participants au Centre Culturel Municipal Emmanuel Charlemagne où exposition de drones et de casques de réalité virtuelle seront au menu. L'équipe invite les jeunes de Carrefour à prendre part activement à l'activité en vue d' une immersion totale dans le monde du numérique.
Dans la revue de poésie Poétiquetac (2024), il est écrit : « La poésie est la langue de ceux qui rêvent les yeux ouverts et n'oublient pas de chanter la beauté de la terre. » Avec la parution de l’EP Slamasutra ce 27 avril, Jean Michelot Polynice ne rêve pas, il vit. Au-delà de la beauté de la terre, le poète chante le désir, l’intime et les corps qui se laissent traverser par la lumière. Composé de sept (7) titres, cet opus est un véritable classique. Il vient confirmer les propos de Jean-Pierre Richard, qui déclare dans Littérature et Sensation (1954) : « La création littéraire apparaît comme une expérience au cours de laquelle l’écrivain tente à la fois de se saisir et de se construire. » Dans ce processus de construction chez Michelot, le but est l’homme, pouvait-on écouter dans « Autodestruction », le premier titre de cet EP. Cette construction passe par Chaleur humaine, An n fou ansanm, Flamme Jumelle. Par ailleurs, Slamasutra, Im ak Je et Plan Q sont, entre autres l'expression du poète qui se confronte à ce qu'il est profondément, un poète qui croit que la vie se vit ici et maintenant. Il a evoqué avec justesse l'expression Carpe Diem sur l'EP. Des textes percutants et puissants. La voix mélodieuse de Manman Simbi. La collaboration singulière du talentueux chanteur Simba Birdsinger. Slamasutra est une célébration de la vie, un renouvellement de l’amour, l’expression de la reconnaissance du poète pour une carrière fulgurante. À quoi peut-on attribuer l’essence de cet EP magistral ? En écoutant Chaleur humaine, nous pouvons retenir ce vers attribué à l’autre : « l’amour est la seule et la dernière réponse ». Un EP comme celui-ci est la traduction d’un désir de transcendance. Cette aspiration du poète est présente dans tous les morceaux. D’un point de vue spirituel et existentiel, Michelot Le Cupidon met en avant le devenir de l’homme. Dans la lumière ou dans les ténèbres. S’il est bien un admirateur du célèbre philosophe allemand Friedrich W. Nietzsche, il n’a pas pu s’empêcher de le contredire à travers Flamme Jumelle en déclarant avec sérénité : « Pafwa sa k pa touye w rann ou pi fèb ». Quant au poète, il puise sa force humaine et son énergie créatrice en divinisant ses parents malgré l’absence de sa maman. Il révèle dans le premier tube : « Je puis tout par celui qui me fortifie et par celle qui me manque, par ma mère. » À travers chaque texte, il y a toute une invitation à s’élever au-delà de la réalité ordinaire, à se porter vers l’avant, à se connaître, à devenir plus humain. La poétique de Michelot peint l’amour et l’érotisme comme un rempart pour l’acquisition d’une sagesse. Éros et Sophia font un très bon ménage chez le poète. L’autre est poésie. L’autre est source de poésie. L’autre peut bel et bien conduire à une réinvention de soi. Il écrit dans An n fou ansanm : « Lavi m te san pye ni tèt, ou vini ou met kè ladan l. » En écoutant le quatrième titre, on retient : « wi nan vi sa, chak moun merite yon tatawèl, yon bizawèl ki pou ede l fè wout la. » Ce premier EP de Michelot Le Cupidon est disponible sur la chaîne YouTube du groupe socioculturel Le Classique Haïti. Le poète est l’auteur de plusieurs œuvres littéraires, dont Grès Kakawo paru en mai 2022 chez les éditions Flèche Rose. Comme on pouvait le lire à travers les lignes de L’amour avant que j’oublie, roman de Lyonel Trouillot : il est toujours bon d’avoir quelques vers derrière soi. Les vers de Michelot Le Cupidon dans Slamasutra ne sont que l’histoire d’une dette karmique. Mardochée Gay
Chanteur, juriste, diplomate, entrepreneur : Edison Juste n’est pas un homme aux multiples visages, mais un homme qui explore moult paysages. Le chanteur de 27 ans a plus d’un tour dans son sac et connait une belle ascension au sein de la commune de Carrefour. Le 27 avril 2025, il était l’invité spécial de la première édition de « A voix haute », une initiative découlant d’une collaboration entre JEUNES HAÏTI et Kafounews. Comme il le fait toujours quand il doit se plonger au cœur de sa passion, il ne s’est pas fait prier pour transformer cette occasion en instant de communion sublime avec le public. Edison fait vibrer les autres au rythme de la musique depuis plus d’une décennie. La musique est pour lui une passion profonde, et de surcroit, un don divin. Il se remémore le moment où il a eu ce déclic qui allait le propulser au-devant de la scène. Cela remonte à quelques années, certes, mais il est des expériences si poignantes qui nous affublent de souvenirs si profondément ancrés en nous, que même le temps ne saurait affadir l’effet qui se manifeste en nous rien qu’en y songeant. « L’envie de me lancer en solo est née après une belle expérience avec une chorale de mon église », raconte-t-il. Depuis lors, il n’a jamais cessé de repousser ses limites, faire vibrer les autres, soulever des foules et partager ainsi cette noble passion de la musique qui embrase les cœurs et insuffle l’espoir. Il embellit tous les décors, captive par sa voix de stentor qui, par moment, est une ligne fine et svelte d’un Séraphin qui invoque la majestueuse aura de l’art, pour le plus grand bonheur de l’âme. Il est profondément croyant et ne cache pas sa foi. Son inspiration, comme il le relate avec ferveur, lui vient de Dieu, a priori, mais connait logiquement cette touche subtile d’autres talentueux artistes de la communauté. Comme un couteau suisse, Edison ne démontre aucune faiblesse dans sa façon d’explorer les différents styles de musique. Il émerveille par sa capacité à créer cette insondable connexion avec son public. Il affectionne l’adoration, le gospel, mais explore avec un aplomb époustouflant le jazz et la musique engagée. Prendre le temps d’écouter Edison s’adonner à sa passion est l’expérience d’une vie. Une telle expérience devient promptement un bagage léger, mais somptueux, que l’on porte en soi à jamais. C’est une expérience qui se renouvelle, même si on n’a plus l’occasion de l’écouter à nouveau, car Edison, à travers sa musique, transmet un message de foi, d’espoir et de transformation. Artiste, mais avant tout croyant, Edison porte en lui la flamme de l’optimisme, comme l’enseignent si bien les Évangiles. Il chemine sans se laisser embourber dans la fange du courant d’air froid et sinistre qui rôde depuis quelques temps. Il sait qu’être jeune et artiste en ce moment, c’est évoluer dans la simultanéité d’un environnement difficile qui regorge toutefois de potentialités. Il estime être chanceux d’évoluer parmi des gens qui lui apportent un soutien indéfectible. Cela le dispense, dans une certaine mesure, d’affronter des obstacles que d’autres confrontent malheureusement au quotidien. Dans ce climat incertain, il défend qu’il existe bien d’autres perspectives, d’autres horizons à découvrir, si on sait s’adapter. Ce même état d’esprit sert d’ancrage à sa motivation. Il rêve d’exporter sa musique aux confins du globe, mais aimerait commencer par sa patrie, là où il souhaite accomplir de belles choses. Un exemple d’optimisme qui émerveille, mais qui ne recèle point de secrets. A la question de savoir comment les autres peuvent aligner leur perception du monde actuel à cet état d’esprit à toute épreuve, sa réponse est simple, mais profonde : « Je les encourage à prier, agir, apprendre et créer. ». Une combinaison parfaite de foi et d’esprit d’initiative. Ni magie, ni secret incontournable ; une structuration consciencieuse de mécanismes aux potentialités incommensurables. Et d’ajouter, pour finir : « Je les encourage aussi à toujours pratiquer la sagesse, l’humilité et le respect». Alors on dit quoi ? Merci, Edison !
« Les livres, sous toutes leurs formes, nous permettent d’apprendre et de nous informer. Ils nous divertissent également et nous aident à comprendre le monde… », affirme Audrey Azoulay, actuelle directrice générale de l’UNESCO. Depuis 1995, le 23 avril est célébré comme la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, à la suite de son adoption par les États membres de l’UNESCO. Cet événement vise à mettre en lumière les auteurs et leurs œuvres, et à promouvoir la culture du livre à travers le monde. Depuis 2001, une ville est désignée chaque année « capitale mondiale du livre », accueillant des activités et projets destinés à faciliter la diffusion du savoir littéraire. En 2025, c’est Rio de Janeiro, au Brésil, qui porte ce flambeau, sous le thème : le changement social par les livres. Pendant ce temps, Haïti traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire. Le dysfonctionnement est devenu le dénominateur commun de la quasi-totalité des institutions, qu’elles soient publiques ou privées. Selon une enquête menée par Le Relief Haïti, près d’une centaine d’établissements ont fermé leurs portes dans la capitale, parmi lesquels des facultés, bibliothèques et écoles professionnelles. La peur règne et tue l’espoir à petit feu ; les déplacements sont réduits au strict nécessaire, et cette situation affecte profondément la vie sociale, familiale, professionnelle… et bien sûr, la vie littéraire. Cette journée, qui devrait nous inciter à réfléchir aux défis auxquels font face nos auteurs, à la manière de valoriser et de promouvoir leurs œuvres auprès du grand public, contraste tristement avec une réalité désolante. En effet, durant les deux dernières années, 2024 et 2025, Haïti s’est vue agenouillée par la violence des bandes armées qui sèment deuil et chaos dans tous les recoins du pays. Les pertes humaines et matérielles sont innombrables. De nombreux écrivains, professeurs, étudiants et chercheurs ont été victimes de ces groupes criminels. Les centres de recherche, les universités, les bibliothèques — lieux essentiels de production, de conservation et de diffusion des savoirs — sont régulièrement pillés, parfois même incendiés. La terreur est devenue la norme dans un pays où plus aucune limite n’existe, où les symboles du savoir ne sont plus protégés. Dans ce contexte, l’engagement d’Haïti en tant qu’État partie à la Convention universelle sur le droit d’auteur (révisée à Paris en 1971) — dont l’article I stipule que « chaque État contractant s’engage à prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer une protection suffisante et efficace des droits des auteurs et de tous autres titulaires de ces droits sur les œuvres littéraires, scientifiques et artistiques » — peine à se concrétiser. Ainsi, loin d’être un moment de célébration, le 23 avril en Haïti devient une journée marquée par la douleur, l’image d’un univers littéraire ravagé, relégué au second plan dans l’ordre des priorités nationales.
Le Centre Culturel Emmanuel Charlemagne de Carrefour accueillera, le 3 mai 2025 aux environs de deux heures, la célébration du deuxième anniversaire de l’Académie de Création des Étudiants en Sciences Agronomiques (ASCA). À cette occasion, une conférence sur l’environnement sera organisée autour du thème : « La preservation de la biodiversité en Haïti ». Pour les organisateurs, cette conférence vise à alerter la communauté sur les dangers liés à la dégradation de la biodiversité, tout en sensibilisant le public aux enjeux et à l’importance de la préservation de l’écosystème haïtien. En marge de cette conférence, l’événement sera également ponctué de performances artistiques, d’expositions de tableaux en lien avec l’environnement haïtien, entre autres animations.
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