Société

Le RANIPH dénonce une situation « invivable » des personnes handicapées et appelle à un « sursaut collectif » en Haïti

En cette Journée Internationale des Personnes Handicapées, célébrée chaque 3 décembre, le Réseau associatif national pour l’intégration des personnes handicapées (RANIPH) a lancé un cri d’alarme retentissant, qualifiant de « invivable » la situation actuelle des personnes vivant avec un handicap en Haïti. Dans un communiqué de presse publié ce mercredi, l’organisation dénonce un climat d’insécurité extrême, de criminalité organisée et de misère grandissante, qui frappe avec plus de violence encore cette catégorie déjà vulnérable de la population. Selon le RANIPH, les personnes handicapées, qui doivent déjà faire face à la discrimination, aux préjugés et aux multiples barrières sociales, comptent parmi les premières victimes du chaos généralisé qui secoue le pays depuis plusieurs années. La peur, la faim et l’extrême précarité constituent leur quotidien. Une situation aggravée par l’absence de mesures concrètes de la part des autorités, qui se contenteraient de gestes symboliques sans réel impact, alors même que les faits sont là, flagrants aux yeux de tous. Le réseau rappelle que la création du Bureau du Secrétaire d’État pour l’Intégration des Personnes Handicapées (BSEIPH) en 2007 avait suscité un espoir immense, porté par une dynamique nationale et internationale encourageante. Mais, près de vingt ans plus tard, la majorité des revendications essentielles pour améliorer les conditions de vie de cette population demeurent insatisfaites, et la crise généralisée ne fait qu’accentuer leurs souffrances. Face à l’urgence, la Secrétaire Nationale d’Encadrement du RANIPH, Rose May Legouté César, réaffirme l’engagement total de l’organisation pour une Haïti « plus inclusive, plus juste et exempte d’insécurité ». Elle appelle à un sursaut collectif et invite l’ensemble des institutions de l’État, de la société civile, ainsi que les partenaires nationaux et internationaux, à travailler de concert pour combattre l’insécurité, bâtir des espaces accessibles, réduire les barrières physiques et sociales et garantir le respect des droits ainsi que la participation citoyenne des personnes handicapées. Le réseau conclut en insistant sur un principe fondamental : « Rien pour nous sans nous, tout pour nous mais avec nous ! », rappelant que les personnes handicapées doivent être au cœur des décisions les concernant.

Société

JISTIS lance la cinquième édition du Festival des Droits Humains de Jacmel

Après une année sabbatique qui leur a permis d’affiner leur stratégie et de renforcer leurs partenariats, les Jeunes Intégrés pour un meilleur Système de Traitement des Incarcérés du Sud-Est (JISTIS) lancent la cinquième édition du Festival des Droits Humains de Jacmel. Le Festival se déroulera dans le Centre-ville de Jacmel du 8 au 10 décembre 2025, sous le thème : « Une seule humanité, des droits pour tous.tes ». Ce thème est un clin d’œil sans équivoque à la conviction de l’organisation qui prône l’inaliénabilité et l’universalité des droits humains. JISTIS veut donc redonner voix à ceux que l’on oublie. L’organisation milite pour l’humanisation du système carcéral à travers la sensibilisation, la formation, l’accompagnement psychosocial et le plaidoyer. Ces plaidoiries sont une réclamation de réformes concrètes dans le système, la réinsertion sociale des détenus et une justice équitable. Cette édition s’annonce en grandes pompes, notamment avec un calendrier conçu pour explorer le thème en profondeur et amplifier son message. Un concert d’ouverture et une causerie sont prévus au lancement, à l’hôtel Florita, avec un sujet de haute importance en toile de fond : « Quel est le potentiel de l’art comme outil pour lutter contre la délinquance juvénile ?» Une flopée de personnalités unira leur voix pour rehausser l’éclat de cet évènement, partageant leur savoir tant artistique, scientifique et intellectuel. Pour la deuxième journée, le rideau s’ouvrira à l’Alliance française de Jacmel sur levécu des détenus. L’évènement sera un regard sur le système carcéral haïtien, à travers une représentation et une projection de témoignages d’anciens détenus, avant, pendant et après leur incarcération. Le festival tirera sa révérence à la mairie de Jacmel avec sa traditionnelle plaidoirie opposants deux groupes d’avocats du barreau de Jacmel. Le sujet retenu cette année recadre l’attention sur l’importance d’une telle initiative en ces temps sombres pour le pays. Les avocats auront alors à faire valoir leur éloquence et leur maitrise de la législation en devisant sur la répression étatique comme outil de protection de l’ordre social ou source d’aggravation des violations des droits humains.

Littérature

Auréole Créole, un essai poétique et du vaudou haïtien

Dans son ouvrage Auréole créole, Godson Moulite signe une œuvre d’un rare pétard, à la fois poétique et théorique et profondément humaine. Par ce titre « auréolé créole» il pose d’emblée le ton d’une quête intérieure : celle de la vérité de soi à travers la perte, le déracinement et la lumière retrouvée. Ce livre théoriquement vaudouesque au sens contemporain, semble émerger d’un combat entre l’ombre et la clarté, entre l’héritage et la liberté. L’auteur y fait de la créolité non pas une simple identité culturelle, mais une expérience existentielle, un espace de passage où se mêlent les langues, les mémoires et les douleurs du monde. Dans cette démarche, le poète interroge l’écriture humaine à travers le prisme du métissage et de l’exil. Du vaudou à la littérature Le don se dépouille, le contexte miroir, et la parole, chargée de silences, réinvente son propre souffle. Le français et le créole y dialoguent comme deux forces contraires et complémentaires : l’une structure, l’autre libère. Ce mariage linguistique donne naissance à une écriture vibrante, dense et sensuelle, où chaque vers semble porter la trace d’une renaissance. Auréole créole apparaît alors comme un manifeste pour la reconnaissance de soi, un hymne à la transformation intérieure. Derrière la douleur et la séparation, de quelques poètes célèbres de la résilience, la beauté des métissages, la lumière arrachée à la nuit. Dans un monde souvent fragmenté, cette œuvre nous rappelle que se perdre n’est pas toujours s’éteindre, mais parfois le seul chemin pour se retrouver. André Fouad