Littérature

Auréole Créole, un essai poétique et du vaudou haïtien

Dans son ouvrage Auréole créole, Godson Moulite signe une œuvre d’un rare pétard, à la fois poétique et théorique et profondément humaine. Par ce titre « auréolé créole» il pose d’emblée le ton d’une quête intérieure : celle de la vérité de soi à travers la perte, le déracinement et la lumière retrouvée. Ce livre théoriquement vaudouesque au sens contemporain, semble émerger d’un combat entre l’ombre et la clarté, entre l’héritage et la liberté. L’auteur y fait de la créolité non pas une simple identité culturelle, mais une expérience existentielle, un espace de passage où se mêlent les langues, les mémoires et les douleurs du monde. Dans cette démarche, le poète interroge l’écriture humaine à travers le prisme du métissage et de l’exil. Du vaudou à la littérature Le don se dépouille, le contexte miroir, et la parole, chargée de silences, réinvente son propre souffle. Le français et le créole y dialoguent comme deux forces contraires et complémentaires : l’une structure, l’autre libère. Ce mariage linguistique donne naissance à une écriture vibrante, dense et sensuelle, où chaque vers semble porter la trace d’une renaissance. Auréole créole apparaît alors comme un manifeste pour la reconnaissance de soi, un hymne à la transformation intérieure. Derrière la douleur et la séparation, de quelques poètes célèbres de la résilience, la beauté des métissages, la lumière arrachée à la nuit. Dans un monde souvent fragmenté, cette œuvre nous rappelle que se perdre n’est pas toujours s’éteindre, mais parfois le seul chemin pour se retrouver. André Fouad

Chronique

Une journée de lecture pas comme les autres

J'avais un grand besoin de lire. Telle une grande soif après avoir escaladé des dizaines de mètres d'altitude sous un soleil de midi, cela me tiraillait. Je lis pratiquement chaque jour pourtant. Mais, depuis quelques temps, je lis par intermittence. Je suis souvent obligé de mettre sur pause la lecture du moment pour animer un atelier, planifier un projet, faire une affiche, regarder un film, jouer au domino "chen kanpe Kay Jèn Yo", tant d'activités qui me rendent nostalgique du lecteur boulimique que j'étais dans mes vingtaines. Je pouvais lire un roman en entier et entamer un autre en moins de 24 heures. Je me rappelle encore les plaintes de ma mère quand j'utilisais la lampe torche de mon "ede m peze" pour lire tard dans la nuit et parfois jusqu'à l'aube. C'est à ce moment-là que j'ai rencontré Victor Déliot - personnage de La Brute de Guy des Cars, brillant avocat méconnu qui m'a donné une sacrée leçon de patience, d'assiduité et d'humanité. J'avais rencontré également Dieuswalwe Azémar - personnage de plusieurs romans de Gary Victor dont Saison de porcs, Dieuswalwe avec deux "w" comme il aime à le préciser. Ce personnage prophète m'a ouvert les yeux sur la véritable personnalité de nos dirigeants. Des fils de p*. J'avais un grand besoin de lire. Toute une journée de lecture pour noyer mon chagrin. Mon oncle André Louis vient de mourir. Une très longue maladie courageusement supportée. Il se regardait partir à petit feu. Il se montrait stoïque mais, au fond il était triste. Peut-on être fort devant la fatalité ? Ce qui doit arriver arrivera, on fait avec. Mais fort, pas vraiment ! Mon oncle est parti avant même de pouvoir revenir au pays après plus de neuf (9) ans. Ce pays qu'il aime tant. Sans pouvoir regarder Roulado de la Gonâve (re)jouer en première division. Ça fait tellement longtemps que son équipe de coeur peine à retrouver ses marques du temps de, Jean Webert Ménélas, l'un des plus grands butteurs de l'histoire du football haïtien. Pour assouvir cette soif, j'ai organisé par le biais du Cercle de lecture et d'écriture (CLERE), une journée de lecture baptisée: "Yon jounen, yon liv". C'était le vendredi 26 septembre 2025. Une matinée sombre, sans soleil. Je me suis levé de très tôt. Je ne devais pas être en retard. La lecture est une affaire sérieuse. À peine arrivé, j'entame la discussion. Une vraie discussion ponctuée de tensions. Par moment, j'ai failli cogné très fort sur la tête de Tolstoï. Méchant auteur! Il fait trop souffrir Ivan Illich. Illich c'est mon oncle. Je faisais corps avec le personnage. Il souffrait beaucoup, mais il est resté gentleman. Élegant. J'ai failli pleurer à plusieurs reprises. Ivan souffre. Sa famille fait la fête. Dégueulasse !? C'est la vie. Elle doit continuer après nous.